Saint Florent
Le saint Florent historique
Prêtre poitevin, Florent vit en ermite à l'île d'Yeu. Après sa mort, il est inhumé sur la colline du Mont-Glonne, le 22 septembre, qui est devenu le jour de sa fête. Des moines se regroupent autour de son tombeau et fondent une communauté religieuse dont l'existence est attestée au VIIIe siècle.
Sources : Jacques DUBOIS,
Le Martyrologe d'Usuard, 1965, p. 307.
Nécrologe
du prieuré de Deuil-la-Barre, B.M.S., ms. 15, fol. 40 v°.
Le saint Florent mythique
Les religieux de l'abbaye
Saint-Florent du Château n'avaient que ces maigres éléments
à raconter aux pèlerins qui accouraient en foule.
Ils rédigent une première vie, dont le texte est
perdu. Peu après l'année 973, Englebert (Ingilbertus),
un scribe lettré de l'abbaye, écrit un texte plus
étoffé qui est repris par un autre moine peu après
l'an mil.
Nos rédacteurs ont recours à tous les poncifs
des hagiographes du temps. Inspirés par la ressemblance
des noms, ils font de Florent un frère de saint Florian
de Lorch et ils donnent un récit rocambolesque de son voyage
d'Autriche vers l'Anjou. Ordonné prêtre par saint
Martin de Tours, Florent lui rend visite chaque année en
accomplissant des prodiges sur les lieux où plus tard s'est
installée la communauté. A Mur (Saumur), il chasse
un dragon qui dévore bêtes et gens ; à Candes,
il sauve un enfant qui séjournait depuis trois jours au
fond de l'eau. Il vit jusqu'à 123 ans...
Sources : Historia sancti
Florentii salmurensis, p. 247.
Maurice HAMON, « La
Vie de saint Florent et les origines de l'abbaye du Mont-Glonne »,
Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, 1971, p. 215-238.
Marie-France GUEUSQUIN, Le
Mois des Dragons, 1981 [ cite 35 autres villes libérées
d'un dragon par un saint thaumaturge ; tout près,
à Poitiers, la Grand-Goule, qui se repaissait uniquement
de chair humaine, est chassée par Sainte Radegonde ].
Poésie et Vérité
Ce récit naïf
doit être connu, par exemple pour comprendre la tapisserie
ci-contre traditionnellement exposée dans l'église
Saint-Pierre : les notables de LA VILLE DE MEUR ( inscription
en lettres dorées, mais figuration fantaisiste ) viennent
supplier Saint Florent - à gauche - de protéger
leur cité contre les ravages d'un dragon.
( Tapisserie offerte
à Saint-Florent par l'abbé Jacques Leroy en 1524 )
On ne peut partager l'indulgence
de quelques historiens, selon lesquels les légendes, naissant
sur un substrat de vérité, comportent quelques matériaux
authentiques. Ici, il s'agit d'une hagiographie fabriquée
de toutes pièces cinq siècles après les événements.
Déjà, les religieux de Saint-Florent n'y croyaient
guère, et Dom Huynes au XVIIe siècle relevait les
anomalies chronologiques de ce récit. Les Actes des
Saints rédigés par les Bollandistes classent
la Vita parmi les actes douteux. On est d'autant
plus surpris de voir dom Chamard en 1863 reprendre cette narration
sans grandes réserves. Depuis, les bénédictins
sérieux, comme dom Dubois, concluent sans ambages :
« On ne peut pas tirer la moindre bribe d'histoire
de ce roman ».
Sources : Acta Sanctorum,
septembre, VI, 1867, p. 410-438.
Dom François CHAMARD, Les Vies des
saints Personnages de l'Anjou, t. 1, 1863, p. 46.
Vicomtesse Alix de la Frégeolière, Saint Florent
- Sa vie - ses miracles - ses reliques, Angers, Briand et Hervé, 1878,
préface de Monseigneur Freppel ( la tradition littérale ).
Bénédictins de Paris, Vies
des Saints et Bienheureux, t. 9, 1950, p. 463.
Les reliques
La communauté du Mont-Glonne s'étant formée sur le tombeau du saint, les restes de saint Florent présentent au départ des garanties d'authenticité très supérieures aux autres reliques médiévales. Par la suite, ces ossements ont connu des aventures rocambolesques marquées par quatre disparitions suivies par des redécouvertes stupéfiantes...
Résumé de ces aventures dans : Joseph-Henri DENÉCHEAU, Fantaisies archéologiques en Saumurois, 1995, n° VIII et IX.