Gelduin ( Famille )
Les Gelduin ( nom transposé en français sous
les formes Geudoin, ou Jaudouin ; les moines les appellent
toujours "Gelduinus" ) sont d'origine danoise,
« ex genere danorum - issu d'un lignage danois »,
ainsi que le précisent les Gesta ambaziensium dominorum,
p. 162 . Ce nom pourrait venir du germanique waldan, gouverner,
et de win-, ami. Ils appartiendraient à cette élite
de guerriers à cheval qui fondent une nouvelle noblesse
à partir du Xe siècle. Au-dessus d'eux, selon les
théories ( assez discutées ) de K.-F.
Werner, se placent les familles de vieille souche, descendant
de hauts fonctionnaires gallo-romains.
En tous cas, les Gelduin de Saumur, si puissants soient-ils,
ne reçoivent pas le titre de vicomte, ce qui marquerait
encore la différence entre les deux castes dirigeantes.
Dans les souscriptions d'actes, à la hiérarchie
soigneusement pesée, les Gelduin sont cités après
les vicomtes, mais, en général, au premier rang
qui suit ( ils sont apparentés aux vicomtes de Chinon
et de Châteaudun et concluent des alliances avec la haute
aristocratie régionale ).
En dernier lieu, Noël-Yves Tonnerre, L'Anjou des princes, fin IXe-fin XVe siècle, Picard, 2017, p. 76, rattache cette famille à Hilduin, un important personnage de la cour de l'empereur Louis le Pieux, à la fois archichapelain et abbé de Saint-Denis ; ce pourquoi il l'appelle " Gilduin ". Cette version va à l'encontre des affirmations de la chronique de Blois. En outre, les trois grandes chroniques du temps, d'origines différentes, tombent d'accord pour la forme " Gelduinus ", p. 107 pour la Chronica de Gestis Consulum andegavorum, p. 162 pour la Geste de Blois, p. 275 pour l'Historia Sancti Florentii salmurensis, cette dernière distinguant sur la même page les noms " Hildinus " et " Gelduinus ".
[ De nombreux sites de généalogie avancent sur Internet des précisions délirantes, comme des dates de naissance et de décès, des recompositions détaillées de familles. Sans la moindre référence bien sûr, car tout cela est imaginaire et aboutit à discréditer les sites personnels scientifiques... Pour notre part, nous n'avançons que des faits vérifiés dans les chroniques et dans les chartes. ]
I) |
Comte Béranger |
||
Adèle -------- ( av. 966) |
--------Gelduin
le Vieil==Gerberge----------------------------- Deux enfants connus || |
Hildegarde, ép. de Geoffroy, comte de Châteaudun | |
*Adelaïs,
ép. Berlay le Vieux de Montreuil *Gelduin le Jeune, qui suit. |
En mai 966 ( date établie par
M. Hamon ), un certain Gelduin donne à l'abbaye de Saint-Florent
le serf Albaud et sa famille. Comme le nom est rare en Anjou,
il est probable que ce soit notre nouveau seigneur de Saumur qui
fasse cette offrande à l'occasion de son installation.
Le scribe qui, un siècle plus tard, transcrit la charte
sur le Livre Noir ( n° 240 ) ajoute
le titre suivant : « Donum Gelduini senioris de Salmuro
- don de Gelduin, seigneur de Saumur », qui peut aussi
se traduire : « don de Gelduin le Vieil, de Saumur
». Ce nom de "Gelduin le Vieil" lui a été
donné par dom Huynes.
Autre indice : il est attesté en 966 que Saumur est
devenu le siège de la vicaria, c'est-à-dire
la capitale de la région.
Ces deux éléments invitent à placer
en 966, ou un peu auparavant, l'installation de Gelduin sur la
seigneurie de Saumur par les comtes de Blois.
Ce dernier est encore vivant en l'année 979, où
il souscrit de sa croix une donation faite par son épouse
Gerberge ( Livre Noir, n° 15 ).
II) | Gelduin le Jeune==Adénor ( ou Aénor ) |
Deux enfants connus || * Chana, ép. d'un seigneur de Fougères, mère de Denise * Geoffroy Belle-Fille, qui suit en III |
L'Historia ( p. 277 ) distingue
formellement Gelduin père et fils, ce qui est par ailleurs
patent pour des raisons de longévité et d'alliances
matrimoniales. [ Dom J. Oury place même un troisième
Gelduin à la tête de Saumur ; je ne vois pas à
partir de quels documents.]
Gelduin le Jeune est investi de Saumur par Eudes 1er de
Blois ( 996 ).
Divers chroniqueurs le décrivent comme un remarquable guerrier,
qui lutte sur tous les fronts contre Foulques Nerra, en compagnie
d'Eudes de Champagne et de Landry de Châteaudun, son cousin.
Voir La Guerre de Quarante
Ans.
En 1026, Eudes II de Blois le dédommage de la perte
de Saumur en lui concédant la terre de Chaumont [sur-Loire],
qu'il fortifie aussitôt. Cette place, située entre
Blois et Amboise et au nord de Montrichard, joue un grand rôle
dans la stratégie désormais défensive des
comtes de Blois.
Dans cette région et sur son ancienne terre, Gelduin
fonde encore, en 1034, l'abbaye de Pontlevoy, où il installe
des moines venus de Saint-Florent, dont Ansbert, l'ancien prieur
nommé abbé.
Décédé entre 1040 et 1044, il est enterré
à l'entrée de la nouvelle église abbatiale.
A défaut d'une pierre tombale, j'ai trouvé
dans l'église Saint-Pierre, toute proche, une pierre de
consécration d'autel portant le nom de son épouse,
et donatrice, Adénor - pierre posée entre 1034 et
1042 et portant une inscription rédigée dans un
latin approximatif :
+ IN ONORE SANCTI
En l'honneur de Saint
JOHANNIS BACTISTE
Jean-Baptiste,
ISTE ALTARE SA-
cet autel a été
CRATUS EST
consacré
IN TENPORE
au temps
ANSBERTI PRIMI
d'Ansbert, le premier
ABBATI + ADENOR
abbé + Dame Adénor l'a fait faire.
FEMINA FIERI(T)
III) | Geoffroy Belle-Fille ( Gosfridus Puella ou Geoffroy de Chaumont ) |
En 1066, accompagne Guillaume le Conquérant
en Angleterre.
Décède sans héritier direct ; sa succession
revient à Denise, sa nièce, la fille de Chana.
Autres personnages isolés
* Lisois de Chaumont est oppidanus, gardien de ce dernier château vers 1050-1055.
* Gelduin ou Gilduin de Doué, attesté
dans les années 1092-1096, beau-frère de Berlay
II de Montreuil.
Quatre enfants connus.
Souvent confondu avec les Gelduin de Saumur, alors qu'aucune parenté
n'est établie.