Images commentées des mégalithes de Saumur
La
Pierre de Saint-Julien ( Saint-Hilaire-Saint-Florent )
Cet
ensemble monumental était implanté à l'orée
du Bois de Pocé. Malencontreusement, les casseurs de pierre
l'ont détruit à la fin du XVIIIe siècle et
il n'en reste aucun vestige sur le site, occupé aujourd'hui
par des arbres fruitiers.
Jean-François
Bodin le décrit comme suit : « treize Peulvans
dont douze disposés en cercle et un, beaucoup plus élevé
que les autres, placé au milieu » (p. 6). Sur la
gravure de droite, le dessinateur angevin Berthe tente de le reconstituer
vers 1830.
Les ingénieurs géographes qui lèvent la carte de Cassini entre 1756 et 1763 portent au-dessous du cromlech un tracé rectangulaire qui pourrait correspondre à un enclos sacré entouré de grosses pierres. Hypothèse aujourd'hui invérifiable, ce qui rend d'autant plus déplorable la disparition de ce vaste ensemble, d'un intérêt exceptionnel, qui formait le coeur d'une géographie sacrée à la symbolique complexe.
Dolmen de type angevin, c'est-à-dire précédé par un trilithe, un portique plus bas formé de trois pierres, encore bien visibles sur cette carte postale.
« La solidité et la simplicité de sa
construction semblent nous reporter aux premiers âges du
monde. On ne voit là aucune trace de l'art, mais on y reconnaît
l'esprit et la main de l'homme ; et, en examinant ce monument,
on croit contempler l'un de ses premiers ouvrages. »
J.-Fr. Bodin, p. 18.
« On est terrifié à la vue de ce monument des anciens âges, et l'imagination est frappée de sa splendeur, je dis : splendeur, parce que ces monuments primitifs sont le témoignage d'une croyance portée à la plus haute exaltation. »
" Souvenirs de David d'Angers sur ses contemporains ", éd. Léon Cerf, 1929.
Dolmen le
plus volumineux d'Europe et l'un des plus harmonieux, il se caractérise
par la grande largeur de sa chambre funéraire ( 4,25 m
à l'entrée, 5,40 m au fond ). Comme sa longueur
ne dépasse pas quatre fois cette largeur, les spécialistes
proscrivent la dénomination d'allée couverte
qui lui est traditionnellement attribuée.
Le support intérieur a été rajouté
afin de soutenir un bloc de couverture fissuré. Il n'est
pas encore en place sur la plus ancienne représentation
du dolmen, un dessin de 1763 exécuté par un ingénieur
des Ponts et Chaussées à l'intention du comte de
Caylus.
Compléments :
O. DESMAZIERES, L'allée couverte de Bagneux, Mémoires
de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers,
1935, p. 23-48.
Site Internet : http://www.ledolmendebagneux.com/
Le Petit Dolmen de Bagneux
Dans le dolmen
de type angevin, la dalle du fond, le "chevet" est souvent
décentrée par rapport à l'axe de symétrie
et déversée vers le côté nord.
Le
Bois du Feu ( Saint-Hilaire-Saint-Florent )
La chambre funéraire est dès l'origine coupée en deux salles, ce qui a permis la transformation de ce dolmen en maison d'habitation. Sur la tranche de la cloison subsiste la rainure verticale d'un beau polissoir.
Hypogée du Bois-Brard ( Saint-Hilaire-Saint-Florent )
Découvert par des carriers en 1837, cet ossuaire est aménagé sous deux énormes blocs de grès laissés dans leur position naturelle. La crypte, déblayée dans le sable sous-jacent, est bordée par des dalles verticales formant décor et soutenant l'unique pierre de couverture demeurée intacte.
Une vingtaine de crânes y sont découverts intacts, mais les corps étaient en plus grand nombre. Au préalable, les cadavres étaient enterrés ailleurs, et, après décarnisation, les os étaient transplantés dans cet ossuaire et rangés selon une disposition méthodique. [ Des peuples primitifs, par exemple les Toradjas des Célèbes, procèdent encore aujourd'hui de cette manière. ]
Cet hypogée sous dalle ( vu de l'intérieur, à gauche ) recelait également plusieurs poignards formés d'une défense de sanglier emmanchée dans un tronçon d'os poli. Un autre présente la particularité d'être en cuivre, ce qui constitue la première apparition du métal dans la région, soit vers - 2000.
Les
alignements suspects de Moc-Baril ( Saint-Hilaire-Saint-Florent
)
Ces blocs
cyclopéens ont fière allure sur les pentes supérieures
du coteau des Hautes-Vignes. Trois axes approximatifs semblent
structurer ce chaos de dalles de grès, sans toutefois présenter
l'ordonnance plus stricte des grands alignements connus.
Seconde surprise : les auteurs
du début du XIXe siècle passionnés de préhistoire
et bons connaisseurs du terrain, comme Bodin ou Sourdeau de Beauregard,
ne signalent aucun vestige préhistorique à cet endroit.
Force est donc de se rallier à l'avis de Louis Bousrez,
Olivier Desmazières, Camille Fraysse et Michel Gruet :
au prix d'un travail de titan, un précurseur du père
Cristal a relevé ces blocs afin d'épierrer son terrain
et de réchauffer ses pampres. Vérification faite
: sur le cadastre d'octobre 1811, ce lieu-dit des "Basses
Vignes" est porté comme couvert de vignobles, de même
que sur les plans de la fin du XIXe siècle.
D'ailleurs, les parages abondent en mégalithes suspects
; une grotte sous dalle d'allure romantique décore le bosquet
du Bois-Brard ; dans le parc du château de Moc-Baril,
les pierres levées et le dolmen sont manifestement de facture
récente. Il est d'autant plus stupéfiant de voir
un arrêté ministériel les inscrivant à
l'inventaire supplémentaire des monuments historiques !
Compléments : J.-H. Denécheau, Fantaisies archéologiques en Saumurois, 13 articles parus dans " la Nouvelle République " en août-septembre 1995.