1) Le monastère du Mont-Glonne à Saint-Florent le VieilMaurice HAMON, Les origines de l'Abbaye de Saint-Florent-Lès-Saumur. Histoire des monastères du Mont-Glonne et du château de Saumur ( Ve-VIe siècle-1026 ), thèse de l'Ecole des Chartes, 3 vol. et un microfilm, 1971, A.D.M.L., n° 5897 [ la base de notre étude sur cette période ]. |
Connue depuis les années 717-718, une communauté
de moines est installée sur la colline du Mont-Glonne
et y célèbre le culte de saint Florent, un ermite
bien réel et canonisé par la voix populaire x Biographie historique et légendaire.
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2) Premières implantations dans le SaumuroisActe original, A.D.M.L., H 1833, c'est le plus ancien document
des archives départementales.
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Le 13 juin 845, l'abbé Didon reçoit aussi
du roi la villa de Pocé, une ancienne terre de Saint-Maurice
d'Angers, qui était tenue en bénéfice par
des vassaux du roi. Il s'agit sans doute d'un domaine de taille
modeste, puisqu'il n'est pas doté d'église et que
l'abbaye de Saint-Maur y possède déjà au
moins un manse.
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3) Une précaireLivre d'Argent n° 46. Explications sur les cartulaires dans Les archives de St-Florent. |
L'abbaye continue d'arrondir son domaine aux alentours
par un autre procédé dont un exemple nous est parvenu.
Drouon ( ou Dreux ), tenancier libre réduit
à la misère, donne à Saint-Florent le manse
qu'il possède à Ménives, ainsi que des prés
situés dans une île voisine. En contrepartie, il
reçoit une terre meilleure, la petite villa de Méron
( avec sa chapelle dédiée à saint Césaire ),
pour laquelle il versera un cens annuel de six sous, ce qui à
l'époque est une forte somme. Après la mort de
Drouon et de son épouse, le domaine fera retour aux moines,
qui conserveront aussi la terre de Ménives.
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4) La Johannis villaTexte complet en latin cité par Marc SACHÉ
dans son précieux inventaire de la série H des
A.D.M.L., t. 2, 1926, p. 5-6.
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Possède-t-elle également l'ensemble du
territoire actuel de Saumur ? C'est maintenant qu'il faut
revenir un peu en arrière et relire un texte fréquemment
cité et fondamental dans l'étude des origines de
la ville.
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5) Le débatPierre GOURDIN, « La villa Johannis et les origines de Saumur », 106 ème Congrès national des Sociétés Savantes, Perpignan, 1981, Archéologie, p. 269-279. |
Les historiens, jusqu'à Maurice Hamon inclus,
ont accepté cette identification des chroniqueurs de l'abbaye
et fait de la Johannis villa l'embryon de la ville de
Saumur.
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6) Le contexte historiqueFerdinand LOT, Recueil des Travaux Historiques... t. 2, 1970, p. 692-815, établit cette date de 849 et doute de l'incendie du Mont-Glonne en 853. |
Cette argumentation par le contexte historique ne manque
pas de force, les moines du Mont-Glonne imitant ceux de Saint-Philbert
[ de Grand-Lieu ], qui obtiennent un refuge à Cunault.
Toutefois, Saint-Florent le Vieil est moins exposé que
Noirmoutier ; le texte de Charles le Chauve ne fait aucune
allusion à des dangers extérieurs.
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7) Les arguments toponymiquesAutres localisations possibles : Saint-Jean de Linières, la ferme Saint-Jean, située près du site gallo-romain des Châteliers. Jean-Marc BIENVENU, Recherches sur le Diocèse d'Angers au temps de la Réforme grégorienne, 1968, p. 358, n. 4, avance des arguments en faveur de Saint-Jean-sur-Loire, une petite chapelle située à Saint-Rémy la Varenne. |
La localisation à Saumur de la Johannis villa
nécessite des acrobaties linguistiques difficiles à
admettre, même en tenant compte des approximations de la
chancellerie carolingienne. Si l'on part des dépendances,
Andillé, situé près de Savennières,
est une villa à l'ancienneté prouvée qui
correspond bien à Andiliaco. Chanzé, nom
ancien du rocher de la Baumette dominant la Maine au sud d'Angers,
dérive exactement de Canciaco ( ou de la forme
Cantiaco du Livre Rouge, fol. 21 - plus difficilement,
il est vrai, de la variante Canciliaco donnée par
le Livre Noir, fol. 1 ).
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8) La disparition de l'église Saint-JeanLivre Rouge, n° 78 et 79.
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Les scribes de Saint-Florent sont embarrassés
par cette église Saint-Jean sur laquelle leurs propos
varient. Dans leurs écrits, elle est parfois une chapelle
située près du monastère du château,
parfois l'église paroissiale du Boile du Château,
parfois l'abbatiale elle-même. Ils la dédient à
Saint-Jean-Baptiste, mais aussi à Saint-Jean l'Evangéliste.
Finalement, ils éliminent de leur patrimoine cette «
église de Saint-Jean près de la Loire et ses dépendances »
en affirmant l'avoir échangée avec l'évêque
et Saint-Maurice d'Angers contre une exemption appréciable,
mais c'est par un acte bourré d'anomalies et impossible
à dater ( 994 ou 997 ? ), qui s'avère
être un faux, de même que sa confirmation ultérieure.
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Tant de contradictions rendent sceptique sur la localisation
à Saumur de la Johannis villa. Mais en cette affaire,
l'essentiel n'est pas la réalité des événements,
mais le fait que les moines aient été crus et aient
pu faire reconnaître leurs droits éminents sur la
ville de Saumur.
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