Les lourdes charges de l'Hôtel-Dieu |
Etablissement municipal remontant
au Moyen Age, l'Hôtel-Dieu, constamment implanté
le long de l'actuelle rue Pascal, porte toute la responsabilité
de l'assistance publique dans de nombreux domaines.
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Des ressources insuffisantes |
Deux administrateurs nommés
par la ville pour trois ans, rétribués et logés,
ont la lourde tâche de faire face à toutes ces charges.
Ils doivent surtout régler de fortes dépenses de
personnel et rétribuer les corps de santé qui font
des vacations : deux médecins et douze chirurgiens
interviennent pour l'Hôtel-Dieu en l'année 1676.
Les ressources financières
sont nombreuses, mais en général de faible importance :
d'anciennes rentes dues à l'Hôtel-Dieu et à
l'Aumônerie, remontant souvent au Moyen Age, s'élevant
en général à quelques sous et sources d'un
contentieux abondant ; des redevances versées par
l'abbaye de Saint-Florent, obligatoires, car cette dernière
possède la seigneurie sur une partie de la ville. En 1685,
l'Hôtel-Dieu reçoit les biens de l'Académie
et de l'église protestante ; il brade la bibliothèque
et les matériaux de démolition, et il finit par
revendre les bâtiments. Le roi lui transfère, en
1696, les revenus de la maladrerie Saint-Lazare du Pont-Fouchard,
des hôpitaux de Saint-Hilaire l'Abbaye et de Saint-Lambert
et des aumôneries de Dampierre et de Montsoreau.
Ce sont là de maigres ressources supplémentaires.
Les finances sont constamment en déficit : en 1778,
les dépenses atteignent 25 000 livres pour 18 000
livres de recettes. La ville doit compenser.
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Une structure conflictuelle |
Outre un personnel salarié,
les administrateurs sont assistés par des dames pieuses
volontaires, qui veulent bien se dévouer pour les malades,
mais pas être commandées. Un règlement du
7 avril 1672 tente de structurer l'institution ; les 8 ou
9 filles ou veuves hospitalières reçoivent, pour
trois mois seulement, des offices bien délimités
et sont lingère, apothicaire, économe ou dépensière,
etc. ( A.M.S., BB 2, fol. 12-16 ).
Les querelles s'éternisant, la ville pense que l'installation
d'une communauté religieuse disciplinée résoudrait
ses problèmes de fonctionnement. Geneviève Sigot
( L'Hôpital Saint-Jean ou les pauvres à
l'Hôtel-Dieu, Editions de la Houdinière, 2009,
p. 87-124 ) raconte les démêlés comparables
survenus à Montreuil-Bellay.
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L'installation des Augustines |
La ville fait appel aux religieuses
hospitalières de Saint-Augustin, installées à
Tours et passe avec elles un concordat très minutieux
et annoté sur plusieurs articles ( B.M.S., P 820 / 13 -
publié par Gino Blandin, annexe 3 ). Les religieuses
s'installent le 12 mai 1678. Elles entrent aussitôt en
conflit avec les anciennes hospitalières restées
en place.
Les Augustines ne se montrent guère plus accommodantes
avec les autorités municipales ( qui, il est vrai, se
mêlent de réglementer leur recrutement ). Religieuses
contemplatives à l'origine, elles sont sans doute mal
préparées aux besognes ingrates des soins hospitaliers.
Malgré leurs effectifs élevés, elles conservent
un personnel domestique abondant ( il y a pratiquement un soignant
par malade à la fin du XVIIIe siècle ). Comme
nos infirmières modernes, ce ne sont pas nos dames augustines
qui torchent les petits vieux.
Les conflits s'aggravent pendant la période révolutionnaire,
car les augustines suivent les offices de prêtres insermentés.
Les relations ne s'améliorent nullement avec la Restauration,
elles quittent l'Hôtel-Dieu de Saumur en 1827.
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Des bâtiments reconstruits |

Les Augustines ont aussi exigé
le réaménagement complet des locaux. L'ancien Hôtel-Dieu
médiéval est en partie détruit et remplacé
par des bâtiments neufs. Seule, la grande salle Saint-Augustin,
située en face de l'entrée et présentant
les caractéristiques de l'hôpital Saint-Jean d'Angers,
avait survécu jusqu'à Joly Leterme.
La nouvelle chapelle commencée
en 1728 est située le long de l'actuelle rue Pascal ( à
droite, les locaux sur le plan de Prieur-Duperray ).
De grands jardins et plusieurs
cimetières entourent l'établissement.
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Effectifs |
- 1678 : 4 religieuses
- vers 1695, 14 religieuses
- 1762 : 42 lits pour les malades
- 1779 : 30 religieuses, 10 domestiques,
10 pensionnaires, 50 malades
- 1790 : 25 augustines, 12 domestiques
masculins, 9 domestiques féminins.
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