Le pèlerinage des Ardilliers présente
des aspects politiques incontestables, comme nous l'avons vu
dans le voeu fait par la ville de Saumur. Sept autres villes
se consacrent à Notre-Dame des Ardilliers pour la remercier
de sa protection contre la peste ou contre d'autres calamités
naturelles.
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1) Un sanctuaire privilégié par les Bourbons |
Si la famille de Guise et les anciens ligueurs fréquentent
plutôt Notre-Dame de Liesse, les Bourbons choisissent nettement
les Ardilliers : Louise de Lorraine, veuve d'Henri III,
ouvre la série des reines fidèles à ce pèlerinage ;
Marie de Médicis y vient apparemment cinq fois ;
Louis XIII, à cinq reprises également ; son épouse,
Anne d'Autriche, au moins une fois ; sa soeur, Henriette de France
y fait sa première communion et revient quand elle est
reine d'Angleterre ; son frère, Gaston d'Orléans,
fait le pèlerinage à deux reprises ; César
de Vendôme, son frère naturel, offre la sacristie ;
ses cousins, les princes de Condé, sont également
assidus.
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2) Autres grands personnages |
La liste des pèlerins proches du pouvoir aboutirait
à une énumération fastidieuse. Retenons
Servien, surintendant des Finances, le maréchal de la
Meilleraye, Vincent de Paul, le Père Joseph ( pèlerin
à huit reprises )...
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3) Des trésors considérables |
Tous ces personnages importants offrent des objets
précieux, en complément des sommes d'argent. Une
salle du trésor est construite pour présenter ces
reliquaires, calices, chandeliers, couronnes. « On
montre ce trésor publiquement à tout le monde le
dimanche , dans un coffre fermé d'une grille en treillis »
( E. Brackenhoffer ).
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4) Un fondement de l'identité nationale catholiqueThèse imprimée : Bruno MAES, Le Roi, la Vierge et la Nation. Pèlerinages et identité nationale entre guerre de Cent Ans et Révolution, Publisud, 2002. |
Au Moyen Age, le culte commun envers saint Martin était
un des éléments constitutifs de l'unité
nationale. Sous Louis XI, saint Michel prend le relais. Au début
du XVIIe siècle, le culte de la Vierge Marie, cristallisé
autour de grands pèlerinages nationaux, devient un nouvel
élément unificateur. Telle est la thèse
défendue par Bruno Maës, qui présente des
arguments plus convaincants pour Notre-Dame de Liesse que pour
les Ardilliers.
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5) Sous Louis XIV |
Passé 1652, dernier pèlerinage royal aux Ardilliers et fin des visites de grands personnages, le pouvoir ne repose plus en premier lieu sur une ferveur religieuse commune, mais sur un culte proprement monarchique. Louis XIV s'isole de son peuple et n'est plus un roi pèlerin. Il subsiste cependant un reflet de la puissance du
prince en la personne de Madame de Montespan, orgueilleuse et
riche pénitente, à l'intention de laquelle le supérieur
général de l'Oratoire, le Père de La Tour,
fait aménager le manoir
du Jagueneau, situé tout près des Ardilliers.
On ne trouve cependant aucune trace de sa venue. Quand Madame
de Montespan est dans la région, elle réside à
Fontevraud, auprès de sa soeur, l'abbesse Gabrielle de
Rochechouart de Mortemart, et plus tard, au château d'Oiron.
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