Saumur vu par les voyageurs du XIXe siècle

 

 Le présent dossier cherche à présenter les principaux textes décrivant Saumur, sans prétendre être exhaustif ; les écrits les plus célèbres ne seront que cités, afin de laisser de la place à d'autres qui sont moins connus. Encore faut-il que les évocations soient assez étoffées. Nous abandonnons Stendhal, en 1837, qui aperçoit la ville de son bateau à vapeur ( Mémoires d'un touriste ) et Michelet ( Tableau de la France, 1861 ), qui lui consacre seulement quelques lignes : « Elles dorment aussi au murmure de la Loire, les villes de Saumur et de Tours, la capitale du protestantisme et la capitale du catholicisme en France. »

1) Charles de Montalembert

 Jeune catholique libéral, qui vient de participer à la fondation de L'Avenir, le comte de Montalembert vient séjourner à Saumur en mars 1831, car son frère Arthur se prépare à intégrer l'Ecole de cavalerie. Il y accumule des notes abondantes, consignées dans son Journal intime inédit, 2, 1830-1833, C.N.R.S., 1990. D'après une conférence de Jean-Claude Sueur, il s'y intéresse avant tout à l'art médiéval et décrit abondamment Saint-Pierre, Notre-Dame de Nantilly et les Ardilliers. Il s'irrite devant la déchéance du château de Pocé, de l'abbaye de Fontevraud et de l'église de Cunault, défigurée par Dupuis Charlemagne. Ses observations saumuroises lui inspirent sa célèbre Lettre à M. Victor Hugo, titrée « Du Vandalisme en France », publiée dans la Revue des Deux-Mondes de janvier-mars 1833...  Montalembert flâne dans la ville, il rend visite au curé César Minier et au jeune poète romantique Jules Bruneau. Dans le cimetière, il repère le tombeau de Manrique de Narbonne-Lara, tué en duel à 20 ans. Il note donc beaucoup d'éléments intéressants.

2) Balzac et Eugénie Grandet

 Eugénie Grandet, roman achevé en septembre 1833, cite le nom de Saumur à 103 reprises. S'agit-il pour autant d'un témoignage circonstancié sur la société et la topographie de la ville de 1819 à 1827 ? Balzac, le tourangeau, qui a séjourné à Saché et sans doute à La Mimerolle, à l'entrée de Chênehutte-les-Tuffeaux, a certainement visité la vieille ville de Saumur ( bien qu'on n'en ait aucune preuve péremptoire ; dans son emploi du temps, les érudits n'ont pas trouvé de créneau qui lui aurait permis un séjour prolongé ). Il a sûrement repéré « des portes garnies de clous énormes », « des pièces de bois transversales... couvertes d'ardoises », flâné dans la populeuse « Grand'rue de Saumur ». Peut-être aussi entendu des récits sur Jean Nivelleau, redoutable spéculateur devenu l'un des plus riches propriétaires du Saumurois, tout en s'habillant misérablement, ou sur Dupuis Charlemagne, 90 ème fortune du département en 1820, célèbre pour son avarice, qui « avait mûré les croisées, les ogives, les vitraux » de l'église de Cunault. Ces identifications tentantes ont suscité de nombreuses études, notamment : Maurice Serval, Autour d'Eugénie Grandet ( d'après des documents historiques ), Champion, 1924 - R. Bauchard, La véritable Eugénie Grandet dans le Saumurois et la Touraine, Tours, 1933 - Paul-Emile Cadilhac, « Promenades littéraires. Le centenaire d'Eugénie Grandet », L'Illustration, 28 juillet 1934, p. 422-427 - « Actes de la Journée Balzac-Eugénie Grandet », S.L.S.A.S., 1993. Ces travaux plaident tous en faveur d'une identification saumuroise de la famille Grandet et de ses commensaux. Ils discutent de la localisation de la maison décrite dans le roman : rue du Petit-Maure, Montée du Fort, au n° 7 ou au n° 9, 36 ou 45 Grande-Rue, 11 rue Fourier. En dernier lieu, Elisabeth Suaudeau, Fillette de guerre, Edition du Petit Pavé, 2002, p. 153-155, et S.L.S.A.S., n°164, 2015, p. 43-48, situe la demeure d'Eugénie Grandet vers l'extrémité supérieure de la Montée du Fort, dans une maison annexée et à demi détruite par les soeurs de la Retraite, à gauche de l'entrée des élèves et au-dessous de la terrasse portant la chapelle ( voir cours Dacier ). Dans sa jeunesse, elle y a vu des jardins superposés sur des murs de soutènement et une grande pièce à deux croisées pouvant correspondre à la salle de la maison Grandet. Toutes ces parties, sur lesquelles on ne possède aucun document ancien figuré, ont disparu dans le naufrage du quartier. Elisabeth Suaudeau complète son étude en décembre 2018, en publiant des actes des achats immobiliers opérés par les soeurs de la Retraite ( Et pourtant... Balzac disait vrai. Sur les traces d'Eugénie Grandet à Saumur, Editions du Petit Pavé ).
 Ce problème de la maison à Monsieur Grandet passionne tant les Saumurois qu'il faut bien l'évoquer plus longuement. Maison à plusieurs étages, Balzac la situe dans « l'ancienne Grand'rue de Saumur », ce qui ne nous mène pas bien loin, car la Grande-Rue actuelle ne correspond pas au site accidenté évoqué par ailleurs et chaque quartier avait sa « grande rue pavée ». Au début du roman, il place le logis « au bout de la rue montueuse qui mène au château par le haut de la ville ». On songe aussitôt à la montée du Fort. Mais où s'arrête cette voie ? A cause d'un virage au sommet de la pente, les Saumurois estimaient qu'il y avait deux rues et baptisaient " rue de Bellevue " la partie supérieure. Balzac donne une puissante évocation des vieilles maisons formant l'important îlot de la place Saint-Pierre et du départ de la montée du Fort, un ensemble plus long et plus tortueux qu'aujourd'hui. Après quelques détours, « vous apercevez un renfoncement assez sombre, au centre duquel est cachée la porte de la maison à monsieur Grandet » ( édition de 1837, p. 11 ). Ce renfoncement a donné quelque crédit aux partisans du n° 7 montée du Fort. Mais deux obstacles de taille se présentent : cette maison est petite, alors que la maison Grandet est présentée comme de bonne taille, et surtout, elle n'a pas de jardin.
 Or, ce jardin est évoqué à plusieurs reprises par Balzac, notamment p. 15 : « au fond d'une voûte obscure et verdâtre, quelques marches dégradées par lesquelles on montait dans un jardin, que bordaient pittoresquement des murs épais, humides, pleins de suintements et de touffes d'arbustes malingres. Ces murs étaient ceux du rempart sur lequel s'élevaient les jardins de quelques maisons voisines. » Cette description nous mène plus haut, plus près du château ; cependant, le rempart, qui ne peut être que le mur du Boile, borde la montée du Fort sur son côté gauche ; sur son côté droit, il n'y a que des murs de soutènement des terrasses. Balzac décrit ensuite longuement la maison et sa salle à deux croisées. L'entrée, qui s'élargit soudainement, devient une « porte cochère ». Le seul témoin de la topographie des lieux à l'époque de Balzac est le cadastre de 1812 : sur la montée du Fort, il n'y a pas le renfoncement significatif noté plus haut.
 On a beau examiner avec indulgence toutes les maisons proposées, aucune ne répond pleinement aux descriptions de Balzac, il y a toujours des éléments fautifs. Tout simplement parce que la maison à Monsieur Grandet n'existe pas ; elle est une création de l'imagination fertile de l'écrivain, qui s'est contenté d'y glisser quelques détails observés au cours d'une promenade dans Saumur.
 Pierre-Georges Castex et ses élèves vont plus loin et affirment que Saumur est « un décor, rien de plus ». La culture ligérienne de Balzac est solide, il connaît la « frippe », le tuffeau, les marchands de merrain et les pratiques vigneronnes. Mais sur la ville même, il reste toujours évasif, il évoque le curé de la paroisse, sans préciser s'il s'agit de Saint-Pierre. Il écrit imprudemment : « Les habitants de Saumur étant peu révolutionnaires, le père Grandet passa pour un homme hardi ». Dans les années 1821-1823, les habitants sont au contraire révolutionnaires et de graves événements secouent la cité ( voir chapitre 30 ) ; pas le moindre écho chez Balzac. L'Ecole de cavalerie y tient une place considérable, elle est licenciée en 1822 et recrée en 1825 ; aucune allusion à ces faits dans le roman, alors qu'on devait beaucoup en parler. L'évocation de Saumur relève des archétypes des villes de province, sans approfondissement local, tellement les connaissances de Balzac sont vagues. Rechercher les correspondances saumuroises d'un roman à clef me semble un exercice plutôt vain. Eugénie Grandet ne constitue pas une source documentaire sur la ville au temps de la Restauration.

3) Prosper Mérimée

 Inspecteur général des monuments historiques et épistolier disert, Mérimée vient à Saumur en 1835 et en 1840. Ses rapports et ses notes de voyage sont détaillés et précis. Il s'intéresse surtout à Fontevraud, à Nantilly, à la chapelle Saint-Jean, nettement moins à Saint-Pierre, nullement aux Ardilliers. Il organise surtout, avec Joly-Leterme, le sauvetage de Cunaud ( Jean-Pierre Vallette, dans S.L.S.A.S., 2008, p. 97-107 et Lettres de Mérimée à Ludovic Vitet, éd. Maurice Parturier, Plon, 1934 ).

4) Par les champs et par les grèves

 Hardis voyageurs, les deux amis Gustave Flaubert et Maxime du Camp visitent la prison de Fontevraud, où ils sont atterrés par le silence forcé imposé aux détenus et par la sottise du directeur. Ils arrivent à pied dans Saumur, le jeudi 6 mai 1847. Ils visitent les Ardilliers ( « une de ces sottes églises construites en souvenir du Panthéon d'Agrippa » ), Saint-Pierre, Nantilly et l'allée couverte de Bagneux. Ils descendent à l'Hôtel de France, dans l'actuelle rue d'Orléans et ils dînent chez une vieille tante appartenant à la famille Ducamp, qui leur inflige de la viande de veau. Ils repartent le samedi, à 10 heures, par le bateau à vapeur, le Dragon. Flaubert n'a laissé que quelques notes, brèves mais rédigées en formules aiguës ( Oeuvres complètes, t. 2, Seuil, 1964, p. 481 ). Il est frappé par les aspects méridionaux de la ville ; à Saint-Pierre, « l'élément moyen âge ogival disparaît sous le badigeon et sous l'ornementation italienne... L'Anjou sent l'Italie ». On aurait aimé lire les développements. Il est cependant convenu que Maxime du Camp rédigera les chapitres pairs, ici le chapitre 2 ( Par les champs et par les grèves, édition critique par Adrianne J. Tooke, Genève, Droz, 1987, p. 143-147 ). Ce dernier donne un texte plutôt gris, parlant surtout de la pluie et du beau temps.

5) Noëmi Dondel du Faouëdic

 Grande voyageuse et auteur du Journal d'une pensionnaire en vacances, Noëmi Dondel du Faouëdic arrive par la gare « moitié sous terre et moitié dessus ». « Cette jolie petite ville de Saumur renferme beaucoup de maisons neuves, ou qui le paraissent ; d'ailleurs, auraient-elles trois cents ans d'existence, que, crac ! avec un coup de racloir, elles redeviendraient jeunes ; ce tuffeau se travaille si facilement... » ( Impressions d'un touriste sur SAUMUR et ses environs, Paris-Dinan, 1881 ). La brochure recopie des pages entières du guide édité par Milon. Notre comtesse bretonne est plus originale quand elle décrit les courses de Verrie ou un « paper hunt », un rallye dont l'itinéraire est tracé par des bouts de papier, ou quand elle s'extasie devant les uniformes chatoyants des militaires. Fort traditionaliste, elle regrette qu'on ne bénisse plus les drapeaux.

6) Les vulgarisateurs

- Sur les 5 volumes de son ample étude sur La Loire historique, pittoresque et biographique, parue d'abord en 1845, Georges Touchard-Lafosse consacre à Saumur une bonne part de son tome IV ( édition de 1851, Tours, Lecesne, p. 247-386 - rééd., 1858, 1874 et 1999 ). Il développe surtout la partie historique, d'après Bodin et Coulon. Il émet quelques considérations intéressantes sur la ville au XIXe siècle et mérite encore d'être consulté.

- Dans Le Tour de la France par deux enfants, Devoir et Patrie, signé G. Bruno - en réalité, Augustine Fouillée - ( Eugène Belin, depuis 1877 ), André et Julien s'informent sur les grands hommes de l'Anjou et admirent une gravure figurant les acrobaties des élèves de l'Ecole de Saumur.

- Victor-Eugène Ardouin-Dumazet, dans les 66 volumes de son Voyage en France est un vulgarisateur documenté. Il n'est pas indigne d'Arthur Young, à cette différence qu'il s'intéresse surtout aux activités industrielles. Le Saumurois est abordé en 1894, puis de façon plus détaillée dans la 56 ème série ( édition de 1910, Paris-Nancy, Berger-Levrault, p. 422-455 ). Il étudie longuement le champagne de Saumur, la bijouterie religieuse et l'organisation de l'Ecole de cavalerie. Il complète son tableau par le récit d'une excursion vers Chinon à bord du bateau à vapeur l'Hirondelle, en octobre 1909. Une source de premier ordre.

7) Les guides touristiques

 A défaut de descriptions, les guides touristiques fournissent des renseignements précis.

- François Grille, sous le pseudonyme de "Malvoisine", publie en 1830 un Itinéraire de Paris à Nantes, Chartres, Tours, Angers, au format de poche. Il est bref sur Saumur ( p. 105-109 ), parlant surtout des personnages influents, l'ingénieur Derrien ( qui travaille au nouveau pont ), Jean-François Bodin et l'ancien principal du collège, Louis-Guillaume Papin.

- Vaysse de Villiers, Itinéraire descriptif de la France... Route de Paris à Bourbon-Vendée, Jules Renouard, 1831, décrit le chemin avec précision. Pour Saumur, il ne parle que du pont Fouchard et du dolmen de Bagneux.

- Le Guide pittoresque et descriptif du voyageur dans la ville de Saumur, son arrondissement et ses environs, Saumur, Jules Godfroy [ 1851 ], attribué au docteur Urbain Gaulay, apporte de nombreux détails sur les curiosités de la ville et recommande 13 hôtels et quelques fournisseurs. Il est complété par des lithographies, assez grossières, de Jehan Marchant. Mis à jour, il est souvent réédité sous le titre de Nouveau Guide..., chez Milon, puis chez Robert, et en reprint en 1999. Quelques autres guides plus légers s'en inspirent.

- Les guides Baedeker paraissent depuis 1843. Malheureusement, l'Ouest de la France y est coupé par la Loire et Saumur, ainsi divisé, est sommairement traité.

- Adolphe Joanne, puis son fils Paul publient de précieux dictionnaires géographiques sur les départements et les communes. Les Guides-Joanne, édités par Hachette, constituent le modèle du tourisme ferroviaire. Le volume consacré à La Loire, rédigé par Marcel Monmarché, est d'une remarquable précision sur Saumur ( édition de 1908, p. 232-238, avec plan ). En complément, est décrite une excursion vers Fontevraud par le tramway à vapeur.

- Le Guide Conty ( 3 ème édition, 1912 ) est plus léger, mais offre un plan original ; il considère comme facultative la visite des Ardilliers et raconte des légendes sur les souterrains du château.

8) Les albums illustrés

 Les albums illustrés valent surtout par leurs gravures, les textes d'accompagnement s'avérant souvent peu soignés.

 - Abel Hugo, France pittoresque ou Description pittoresque, topographique et statistique des Départements et colonies de la France, Delloye, 1835, t. 2, p. 202-206, raconte quelques banalités et est illustré par une gravure sur acier non moins banale.

Couché et Chamoin scullp., Civeton, del.

 On ne peut pas reprocher à ce panorama classique de ne pas être à jour, puisque la prison, en cours de construction, est déjà figurée.

- Jules Verne, déjà reconnu, dirige la Géographie illustrée de la France et de ses colonies, 1868, p. 399, et n'a nullement forcé son talent sur Saumur.

- Victor-Adolphe Malte-Brun, La France illustrée - Maine-et-Loire, Géographie, Histoire, Statistique, Administration, 1882, reprend le plan des précédents et apporte davantage de précisions ( p. 39-45 ).

- Lucien Huard, qui adopte souvent le pseudonyme de "Lucien d'Hura", Patrie, Description pittoresque de la France, L. Boulanger, t. III, 1890, p. 707-720, est d'origine angevine et est sûrement venu sur place, ce qui ne l'empêche pas d'accumuler les énormités. « Quant aux fortifications élevées autour du château par Duplessis-Mornay, il est généralement admis qu'il n'en reste pas de trace ; il suffit pourtant d'examiner les nombreux moulins qui couronnent le coteau, pour constater qu'ils ont presque tous été élevés sur les anciennes tourelles de l'enceinte fortifiée ». A propos du dolmen de Bagneux : « Ce monument, véritable palais de l'âge de pierre, n'a certainement pas été construit, comme la plupart des dolmens, pour servir d'autels aux sacrifices, sa hauteur en eût rendu l'usage difficile. Ce dut être quelque collège de druides et, de fait, cent écoliers pouvaient à l'aise y écouter la parole sacrée ».

- L'Anjou, historique, archéologique et pittoresque, paru par livraisons de 1854 à 1862, est remarquable pour les trois dessins du baron de Wismes, élégamment lithographiés par Eugène Leroux. Voici la planche consacrée à l'Hôtel de Ville.

Baron de Wismes et Eugène Leroux

 D'une exactitude minutieuse, cette vue est exécutée avant le lancement des travaux du nouvel Hôtel de Ville en 1858. On peut aussi remarquer que la restauration de l'ancienne maison forte par Joly-Leterme a été de faible importance. En même temps, de Wismes donne une évocation vivante du petit square surélevé, fréquenté par des militaires. D'un moindre intérêt sont les huit pages de la notice, signées par Louis Lacour, un chartiste étranger à la région.

Nantillty, dessin de Robida- Albert Robida, La Vieille France, 3, Touraine, t. 2, Librairie illustrée [ 1891 ], p. 76-92, est un auteur complet. Son texte est personnel et donne volontiers dans l'humour. Il n'apprécie guère « l'Ecole de cavalerie, dont les beautés pittoresques n'ont rien de passionnant » : il ironise sur l'abbaye voisine « enrichie par la possession, - en double, - des reliques doublement vénérables de saint Florent » ou sur Duplessis-Mornay, « prédicant-soldat, la Bible dans une main, l'arquebuse dans l'autre ». Mais il exprime son admiration pour Saumur, son hôtel de ville, ses vieux quartiers, ses sentiers de chèvre, ses étranges moulins, « juchés sur un haut et mince cône de pierres sombres, semblables à des araignées empalées sur des bouchons et agitant désespérément leurs pattes ! ». Il en donne une intéressante lithographie. Il esquisse aussi sept dessins nerveux, comme cette figuration de N.-D. de Nantilly, alors en cours de restauration, dont il représente l'ancienne façade et la maison du gardien.

 

9) Un mémorialiste

 Prosper Bigeard, né à Saumur en 1850 et d'abord directeur de l'usine à gaz, avant de prendre la tête de celle d'Angers, revient en 1915 sur le théâtre de son enfance ( « Saumur - Impressions sur vieux Souvenirs ( 1850-1915 ) », Revue de l'Anjou, 1915, p. 169-212 ). Il a une mémoire précise et ses comparaisons entre deux âges sont précieuses, même si elles sont envahies par la nostalgie.