En
même temps que l'année 1914 approche, la cavalerie,
l'Ecole en tête, affirme sa préférence pour
les armes traditionnelles, c'est-à-dire les armes blanches,
considérées comme nobles et loyales.
1) La lance
La lance n'est pas réservée
pour les seuls carrousels, sous la forme d'une grosse lance d'apparat
; elle est toujours présentée comme une arme redoutable
et d'un maniement difficile. Malgré la disparition des
lanciers, elle fait encore partie de la dotation des cavaliers
et semble tenir une grande place, peut-être d'explication
phallique, dans leur imaginaire guerrier.
La lance légère du modèle 1890 a une
longueur de 2,00 m. Encore dans son édition de 1919, le
Manuel du Gradé de Cavalerie à l'usage des sous-officiers,
brigadiers et élèves-brigadiers, Paris, Henri
Charles-Lavauzelle, 874 p., en parle longuement et la présente
comme « essentiellement l'arme de l'offensive ».
Sur le Chardonnet, sont pratiqués en permanence des
exercices de maniement de la lance, à cheval ou à
pied, des coups de pointe, des coups de sabot, des coups de hampe,
l'art de transpercer un anneau et la lutte lance contre sabre.
Lutte sabre contre lance.
Ces exercices surannés ne peuvent qu'exciter la verve des humoristes.
2) Le sabre
Le sabre courbe de la cavalerie légère fait désormais une longueur de 0,92 m. Arme traditionnelle, il est l'objet d'un entraînement intensif. Les élèves sont astreints à une leçon d'escrime quotidienne.
L'utilité pratique de cette
intense préparation a été mince. En 1914,
le lieutenant Jean de Lattre de Tassigny a bien abattu un ennemi
d'un coup de sabre et a été blessé par un
coup de lance.
Cependant, ces combats singuliers ont été rarissimes.
3) La cuirasse
La lourde cuirasse fait aussi partie des armes mythiques. Elle rend la cavalerie lourde impressionnante, bien plus dans la répression des troubles intérieurs que pour les canons ennemis.
Voici, à droite, la cuirasse sur mesure du colonel Humblot, un géant de 2,10 m, qui a commandé le 8e Cuirassiers de 1874 à 1881 ( Musée de la Cavalerie, Saumur ).
4) Le port des armes
Le port du sabre est obligatoire l'après-midi, sauf pour les écuyers. Casque et cuirasse ne sont pas réservés aux exercices militaires, ils sont arborés pour sortir en ville et pour poser devant le photographe, tel cet élève-officier du 24e Dragons ( à gauche ), pris par Henri Gachet en janvier 1894.
5) Les armes à feu
Fusils et revolvers sont considérés comme des armes déloyales et nos cavaliers s'y entraînent sans grand enthousiasme, comme ici le tir à la carabine à Terrefort, présenté par Voelcker, par Hérault et par Charier :
Ces images sont rares. A cette époque, aucune trace de mitrailleuse, alors que les régiments de cavalerie en sont dotés à partir de 1907. La baïonnette est laissée aux fantassins.
6) L'artillerie
Des officiers de l'artillerie montée viennent suivre les stages d'instructeurs à Saumur. Pour leur entraînement, une batterie d'un régiment voisin vient chaque année manoeuvrer pendant un trimestre à l'Ecole ; les canons, habituellement des 75, font leurs exercices de tir dans la forêt de Fontevraud. Ils sont fièrement présentés dans une partie particulière du carrousel. Grâce à des fumigènes, la carrière est envahie par un nuage impressionnant.
Nous avons insisté sur les préférences traditionalistes de l'Ecole en matière d'armement. Il convient cependant d'ajouter que quelques officiers de Saumur suivent de près les premiers vols des avions et qu'ils en devinent les applications militaires. Pendant la Guerre, certains deviennent pilotes... Nous avons également signalé que des appareils se sont posés sur le Chardonnet en juin, puis en septembre 1912. Le 29 mai 1913, une commission militaire dirigée par le génie élabore un projet de piste d'atterrissage, non plus sur le Breil, mais sur le terrain de Terrefort, sans suite pratique pour l'instant.