Des officiers retraités ont mené avec ténacité d'amples recherches sur l'histoire du Saumurois ; bénéficiant d'une bonne longévité, ils ont publié une somme considérable de travaux, surtout au début du XXe siècle. Mal préparés à la recherche en archives et à la critique des documents, ils accordent une trop grande confiance aux mémorialistes et à l'histoire orale ; ils n'ont pas la sûreté des premiers maîtres de l'histoire locale, Célestin Port et Gustave d'Espinay. Tous atteints de napoléonite aiguë, ils affirment bravement que la percée centrale de Saumur résulte d'un coup de sabre donné sur une carte par l'Empereur. Malgré ces réserves méthodologiques, il faut souligner que leurs publications ne manquent pas d'intérêt ; ils s'occupent assez peu d'histoire militaire, leurs champs de recherches sont plus vastes. Le capitaine Prévost, commandant du génie à Saumur, travaillait sur les forts gallo-romains vitrifés.
1) Octave Desmé de Chavigny ( 1838-1917 )
Officier retiré sur ses terres, Octave Desmé de Chavigny se consacre pendant cinquante ans à d'énormes recherches sur la période révolutionnaire et sur le protestantisme. Voir développements et commentaires.
2) Le colonel Picard ( 1854-1935 )
Ancien professeur d'histoire à l'Ecole de cavalerie et passionné par cette matière, président de la Société des Lettres, Sciences et Arts du Saumurois de 1910 à 1922 ( avec des intermittences ), le colonel Picard apparaît comme un animateur enthousiaste, comme un écrivain abondant, plutôt compilateur que chercheur. Voir étude détaillée sur son oeuvre.
3) Le commandant Léon Rolle ( 1855-1928 )
Tout au contraire de Picard, Léon Rolle ne se met guère en avant et n'occupe pas de fonctions officielles ; il travaille sur les documents originaux et connaît parfaitement les archives municipales, qu'ils cite fidèlement, sans toutefois donner ses références. Ses principales études, publiées dans le bulletin de la S.L.S.A.S. et portant sur Saumur fortifié, les noms des rues, la prise de la ville par les Vendéens, les crises des subsistances, les Prussiens à la Croix Verte, sont de première main, solidement documentées et encore utiles aujourd'hui. Le commandant Rolle ne complète pas ses prospections locales par des recherches dans d'autres fonds, notamment aux archives départementales, et par la lecture d'ouvrages spécialisés, ce qui limite l'envergure de ses travaux sur la période révolutionnaire. Bon connaisseur de la topographie locale, il est le plus solide des historiens que nous citons dans ce chapitre.
4) Le colonel Paul-Alexandre Savette ( 1873-1940 )
Vétérinaire militaire à la retraite, actif secrétaire général de la S.L.S.A.S., le colonel Savette est un auteur abondant. Il publie un livre sur le thème " Tournois et carrousels " ( 1937 ) ; il donne des études, d'un intérêt inégal, sur les monuments de la ville. Il s'intéresse aussi aux Ursulines de Saumur, aux moulins à vent, à Joachim du Bellay, aux châteaux de Marson et de Milly. Habitant Varennes-sur-Loire, il rédige une notice historique sur Candes et une étude sur le château de Montsoreau. Moins documenté que le commandant Rolle, il manifeste des goûts plus éclectiques.
5) Jean des Cilleuls ( 1885-1980 )
Médecin aide-major à l'Ecole de cavalerie en 1913, médecin en second en 1914, Jean Lambert des Cilleuls termine sa carrière comme médecin général. Historien du corps de santé militaire, président de la Société internationale de Droit médical, auteur de souvenirs intitulés Au corps de cavalerie avec le service de santé : septembre 1939-juillet 1940, il collabore régulièrement à la S.L.S.A.S. de son adhésion en 1922 à son décès en 1980. Il s'intéresse plus particulièrement à la démographie et à la nosographie du Saumurois, à la protection des populations civiles pendant les guerres, aux médecins et vétérinaires de l'Ecole de cavalerie, aux plantes médicinales et aux déchets radio-actifs. Dans l'éventail de ses publication locales, l'histoire occupe une place marginale.
6) Rôle des militaires au sein de la S.L.S.A.S.
Si l'on analyse les premiers
bulletins de la S.L.S.A.S. de 1910 à 1913 inclus,
on y compte 130 articles signés, à forte prédominance
historique, 41 articles, soit 32 %, émanent de militaires,
en activité ou le plus souvent à la retraite. Ces
derniers viennent bien avant les médecins ( 27 articles ),
les membres du clergé ( 20 ), les femmes ( 6
) ou les enseignants ( 5 ). Cette statistique illustre
le rôle de premier plan des militaires dans la vie de cette
société, surtout à ses débuts.
Le colonel Picard en est le premier président, les
vétérinaires-majors Caritte, puis Marcenac, occupent
le poste de vice-président de la section des Sciences ( Raoul
Bauchard, « La collaboration de la Société
et de l'Ecole de Cavalerie », S.L.S.A.S., n° 83,
juillet-octobre 1937, p. 12-24 ). Les commandants de
l'Ecole sont de droit membres d'honneur de cette société ;
certains, comme Fornel de La Laurencie, assistent à toutes
ses séances. Les militaires ont donc grandement contribué
à la relance des recherches historiques.