1) La reconstruction
Le Courrier de Saumur
du 12 janvier 1873 annonce que le Conseil municipal
vient de voter un crédit de 75 000 F pour la reconstruction
de son collège. En réalité, le Conseil a
mis en place une commission, dont il approuve le rapport les 10
et 31 mai 1873 ( A.M.S., 2 D 3 ). Le délabrement
des locaux remontant aux ursulines pourrait suffire à expliquer
cette décision. Cependant l'ouverture toute récente
de l'institution Saint-Louis a pu hâter
ce projet.
Les travaux, sur lesquels les renseignements sont
minces ( A.D.M.L., 34 T 10 ), sont dirigés
par l'architecte-voyer Emile Roffay et exécutés
en partie par l'entrepreneur Bizoullier. Ils débutent en
1874, mais prennent du retard en raison d'éboulements dans
des caves sous-jacentes et de surcoûts entraînés
par le renforcement des fondations. Le Conseil municipal doit
sans cesse voter des crédits supplémentaires, sans
obtenir des aides appréciables de l'Etat. Le grand bâtiment
dominant l'actuelle rue Duruy est achevé et réceptionné
en 1877. Il reprend les lignes classiques, solennelles et un peu
froides, des grands lycées du temps, dédiés
aux " Sciences " et aux " Lettres ",
d'après les inscriptions.
La façade arrière donnant sur la cour d'honneur est moins décorée.
L'installation d'une horloge est votée le 7 juin 1875, au moyen d'un crédit de 1 400 F. L'année suivante, est installé le gaz de ville, qui sert surtout à éclairer les locaux. Peu après, en 1877 et 1880, Roffay dresse deux plans différents de reconstruction complète des rares bâtiments entourant la cour des Pensionnaires, du côté de l'actuelle avenue Courtiller. Les travaux, encore retardés par des problèmes de fondations et par des différends avec des voisins propriétaires de caves, sont exécutés dans les années 1880-1881 et sans doute 1882. Entre les deux cours, le grand bâtiment de l'internat ( ci-dessus, à gauche ) présente au rez-de-chaussée un préau éclairé par des arcades, une tour d'escalier à chaque extrémité et deux étages de dortoirs. L'angle nord-ouest est photogénique sur cette carte postale des années 1902-1903 :
Dans une intéressante vue panoramique, les éditions Tourte et Petitin présentent l'ensemble de la cour :
L'aile orientale, à
droite, offre deux étages de classes, celles du rez-de-chaussée
donnant directement sur la cour. L'aile occidentale, du côté
de l'actuelle rue Duruy, est plus courte et réduite à
une seul étage. A son extrémité, Roffay avait
aménagé une petite chapelle, qui a été
transformée en salle de dessin en 1887.
Ces bâtiments se sont vite dégradés.
Je les ai vus dans un état déplorable en 1960, le
tuffeau de mauvaise qualité s'effritant et des étais
assurant un semblant de sécurité. Voici des photos
de l'époque précédant de peu leur destruction :
Du côté de l'ancienne chapelle devenue salle de dessin.
Le préau et les classes de l'aile orientale.
Le bâtiment des Pensionnaires, en partie abandonné.
Du côté de l'actuelle avenue du Docteur-Peton, sont ajoutés les bâtiments de l'école industrielle, sur laquelle nous reviendrons, et le petit collège, refait à neuf dans les années 1911-1913. Il ne subsiste finalement rien des constructions des ursulines. Voici sur une photo aérienne de 1950, l'ensemble des bâtiments de la façade occidentale : à gauche, le petit collège, peu élevé, au centre, le bâtiment principal, à droite, la cour des pensionnaires et les nouvelles classes prolongées par l'ancienne chapelle :
2) Les initiatives de Jules-Emile Rigolage
Jules-Emile Rigolage,
né à Saint-Gobain en 1840, a réussi de brillantes
études scientifiques, étant à la fois professeur
agrégé de mathématiques et ingénieur
de l'Ecole Centrale des Arts et Manufactures ; il s'intéresse
également à la pensée d'Auguste Comte, sur
laquelle il écrit un énorme traité sous le
pseudonyme de Jules Rig ; il développe aussi des idées
originales sur la refonte du système scolaire français.
Ne pouvant traiter ici que de son action à la tête
du collège, je renvoie à mon étude plus approfondie,
sources à l'appui : Joseph-Henri Denécheau,
« L'impossible Monsieur Rigolage », S.L.S.A.S.,
n° 141, 1992, p. 39-45, et à un résumé
à propos de la rue
Rigolage ( Voir aussi, Bernard Desmars, « Jules
Emile ( pseudonyme : Jules Rig ) Rigolage »,
Dictionnaire biographique du fouriérisme, mis en
ligne en http://www.charlesfourier.fr/spip.php?article1073,
notice documentée qui insiste, tout comme moi, sur le caractère
difficile du personnage ).
Principal du collège de Cognac, militant laïque
et républicain, Rigolage avait été sanctionné
par le gouvernement réactionnaire du Seize-Mai et muté
à Morlaix en 1877. Son installation à la tëte
du collège de Garçons de Saumur, le 1 er octobre
1881, représente une promotion, et il est bien accueilli
par le maire James Combier. Il entre en maçonnerie à
la loge " la Persévérance ",
comme apprenti, le 20 janvier 1884, et il atteint le grade Rose-Croix.
Le collège présente des bâtiments neufs,
mais compte toujours aussi peu d'élèves. Dans leurs
rapports, les principaux évoquent la concurrence du collège Saint-Louis,
ce qui n'est pas évident, car il n'y a pas eu de baisse
significative des effectifs à l'ouverture de l'institution
privée. Voici les données pour 1896. L'école
primaire, tenue par Théodore Valotaire, son épouse
et une adjointe ( les deux seules enseignantes féminines
du collège ) ne compte plus que 32 élèves,
alors qu'elle avait atteint la centaine ; parmi les explications,
il faut rappeler que ses tarifs sont élevés et qu'elle
n'est plus fréquentée que par des enfants destinés
à commencer le latin ; tout à côté,
l'école des Récollets est gratuite et de bon niveau,
elle a même ouvert un cours supérieur, qui annonce
le cours complémentaire. La filière des études
classiques plafonne à 32 élèves au total,
les classes y sont souvent jumelées deux par deux, mais
Rigolage est fier d'annoncer qu'en 1885, il a obtenu quatre succès
au baccalauréat ( A.D.M.L., 416 T 1(1)).
La filière moderne, sans latin, officialisée en
1891, offre un cours d'agriculture donné par l'ingénieur
agronome Charles Bacon, mais elle ne compte que 18 collégiens.
Ces sections traditionnelles ne passionnent guère
le principal, qui, dans ses appréciations, juge sur un
ton acerbe ses enseignants et qui, dans ses rapports, semble obsédé
par leurs activités sexuelles ( l'année de
son arrivée, le sous-principal avait été
arrêté pour une affaire de moeurs ).
Rigolage est un apôtre de l'enseignement professionnel, qui est mis en place dans le pays depuis 1865, sous le nom d'enseignement secondaire spécial, et obligatoirement annexé à un collège. Il avait été professeur à l'Ecole normale de Cluny, qui formait les cadres de cette filière, et il avait créé un collège spécial dans son établissement de Cognac. Aussi, le 4 mars 1884, il ouvre, avec l'autorisation du ministère, une école industrielle au sein du collège municipal. Son premier objectif est la préparation des concours d'entrée aux écoles d'Arts et Métiers ; le succès est immédiat, quatre élèves sont admis à l'Ecole d'Angers dès la première année et dix, quatre ans plus tard. Cette formation est surtout théorique ; pour les épreuves pratiques, le principal a aménagé une simple forge, dans laquelle les élèves apprennent à limer des pièces.
En 1887, Rigolage élargit ses ambitions en ouvrant un cours formant en deux ans des mécaniciens de la flotte, c'est-à-dire des spécialistes des machines à vapeur, capables aussi de fabriquer des pièces défaillantes. Devenant une matière fondamentale, le dessin industriel, est enseigné dans la salle particulière qu'on voit ci-dessous :
Le ministre de la Marine offre une machine à vapeur. En 1894, Rigolage fonde un cours plus général de préparation aux carrières industrielles. L'équipement s'améliore, offrant dans des bâtiments légers, 63 étaux, 3 moteurs, un à gaz, un à vapeur, un électrique, 9 tours, trois machines à percer, un étau-limeur, une raboteuse, une fraiseuse, 4 feux de forge et un four à creusets ( Angers et l'Anjou, 1903, p. 366-367 ). Voici les photos par Tourte et Petitin de la salle d'ajustage, puis des ateliers, dans lesquels les règles de sécurité ne semblent pas bien strictes ( il y a eu des accidents et des procès ).
Outre deux responsables d'atelier, de nombreux enseignants spécialisés interviennent, par exemple, le docteur Bontemps pour les cours d'hygiène, et Pelou, conducteur de travaux aux Ponts et Chaussées pour l'arpentage. L'école atteint une certaine réputation et attire de toutes les régions de France des élèves, pour la plupart internes. Jules Rigolage affirme qu'en 1896, elle compte 104 élèves ; il inclut dans ce calcul les nombreux adultes de Saumur qui viennent suivre des cours du soir ; en réalité, il n'y a encore que 30 élèves à plein temps.
3) Les comptes fantastiques de Rigolage
Jules-Emile Rigolage multiplie
les initiatives parfois brouillonnes. Il développe un programme
de refonte du système scolaire et il tente, en vain, de
se faire élire au Conseil supérieur de l'Instruction
publique pour le défendre. On a beau scruter les documents
d'archives : le statut juridique de ces créations
et les comptabilités restent incompréhensibles.
Le traité avec la ville, renouvelé le 1 er
octobre 1891, est très confus ( A.M.S., ancienne cote,
R I 8 ( après 1870 ), nouvelle cote 1 R 35 ).
L'école industrielle fonctionne comme un établissement
privé ouvert dans des locaux en partie publics. Rigolage
recrute et rétribue à sa guise les enseignants des
matières professionnelles ; les professeurs d'enseignement
général du collège viennent y donner des
cours ; on ne sait selon quelles conventions. Il recrute qui
il veut ; il engage ainsi Catherine Cavelier, une militante phalanstérienne.
Rigolage achète personnellement plusieurs maisons à l'angle des actuelles rue Duruy et avenue du Docteur-Peton. En 1895, il commence à élever à ses frais, sur un terrain lui appartenant, un nouveau bâtiment à larges baies, qu'on voit sur la photo de droite.
Tout le quartier est transformé. Sur le dessin ci-dessous de l'architecte J. Touzard, tracé vers 1900, on reconnaît la partie septentrionale du collège, au premier plan, la nouvelle école industrielle, en arrière ses ateliers, plus à droite la cour d'honneur et enfin la cour des pensionnaires et enfin " la ferme ", plus haut sur la gauche. Un effet de perspective exagère la taille de ces bâtiments.
L'école industrielle
a constamment les faveurs du principal. Il installe des ateliers
dans les locaux des classes primaires ; ces dernières
sont transplantées dans une des maisons voisines que Rigolage
vient d'acquérir et pour laquelle il demande à la
ville un loyer de 800 F par an.
Ce dernier fait aussi de la publicité pour son école,
rebaptisée " Ecole industrielle de Maine-et-Loire
". Il parvient à se procurer les adresses des candidats
au concours des Arts et Métiers et il leur envoie un prospectus
vantant ses succès. Ce procédé est - alors -
condamné et lui attire un blâme du ministre. Voici
l'une de ces publicités parues dans une revue de 1887 :
Le principal n'est pas un généreux donateur,
tel qu'il se présente dans sa correspondance ; il
se révèle un " marchand de soupe "
plutôt ladre, peut-être parce qu'il s'est endetté
pour son école. A mi-hauteur entre le collège de
Jeunes Filles et le collège de Garçons existait
une ferme, entourée de quelques terrains. A partir de 1883,
Rigolage la transforme en " école d'agriculture ",
destinée avant tout à fournir des légumes
à sa pension. Comme la production est excédentaire,
une carriole va vendre les produits sur le marché. Quelques
vaches apparaissent même sur le terrain.
Néanmoins, le prix de la pension atteint désormais
620 F par an et la demi-pension 350 F. Le principal réclame
en outre 6 F par an aux internes pour l'usure du mobilier ( qui
lui appartient ) et aux externes 5 F, plus 5 F pour le chauffage.
La rétribution collégiale, versée par les
externes pour payer en partie les enseignants, se monte alors
à 110 F par an. Seules les familles aisées peuvent
payer ce type d'études longues à leurs enfants,
y compris à l'école industrielle.
Les acrobaties financières du principal entraînent
la démission forcée du maire Louis Vinsonneau en
août 1886 ( voir chapitre
32 § 5 ). L'année suivante, Rigolage
supprime les prix, faute d'argent, alors qu'une ligne spéciale
du budget communal prévoit cette cérémonie.
Il a constamment entretenu des relations froides avec la municipalité.
Il était jaloux du luxueux collège de Jeunes Filles,
qui avait la faveur de James Combier. La commune subventionnait
le cours d'agriculture, mais refusait d'épauler l'Ecole
industrielle. Cependant, le docteur
Peton, tant qu'il était conseiller municipal et adjoint,
avait entretenu de bonnes relations avec le principal, ils étaient
frères en maçonnerie et il l'avait encouragé
dans ses initiatives. Devenu maire, il confirme son soutien au
cours du bureau d'administration du 31 mai 1893, mais il entend
aussi assainir les comptabilités publiques.
En octobre 1895, il reprend deux salles municipales situées
au premier étage du bureau de bienfaisance ( aujourd'hui
Crèche Chauvet ), que Rigolage avait annexées
pour y installer un théâtre. Au Conseil municipal
du 18 octobre de la même année, le maire fait voter
à l'unanimité, moins une seule voix, la mise en
régie directe du collège de Garçons, procédé
plus moral déjà pratiqué au collège
de Jeunes Filles. Rigolage, évidemment visé, répond
par une brochure ( B.N.F., 8° R.pièce.6359 ).
Les élections municipales se déroulent les 3 et
10 mai 1896. Le principal ne peut se porter candidat, car il est
gestionnaire de deniers publics. Dans la deuxième section,
celle de Peton, il monte une liste d'opposition comprenant trois
enseignants de l'Ecole industrielle et ayant pour programme unique
la défense de l'autonomie du collège ; il publie
trois numéros d'un journal électoral, dont le directeur
est le concierge de l'établissement. Il est soutenu par
le périodique " La
Petite Loire ", de tendance boulangiste ;
la droite catholique et royaliste ne présente pas de candidat
et appelle à voter pour cette liste. Malgré tous
ces appuis, les amis de Rigolage subissent un cuisant échec.
Réélu maire, Peton, le 16 juillet 1896, demande
au ministre de l'Instruction publique le renvoi immédiat
du principal. Dans un télégramme partiellement codé
(ADML, 34 T 14), le ministre ordonne au préfet d'enquêter
et envisage le maintien éventuel de Rigolage à la
tête seulement de l'école industrielle qui lui appartient.
Le préfet et l'inspecteur d'Académie estiment que cette dernière solution ne serait pas viable. Rigolage est muté à Falaise, poste qu'il refuse, comptant rester à la tête de son école industrielle devenue une affaire totalement privée et projetant de déménager les machines. Comme ce matériel a été pour l'essentiel payé par l'Etat, Peton réagit en faisant poser des scellés sur le mobilier et sur l'outillage. Il faut bien négocier ; les deux notaires représentant Rigolage réclament 200 000 F pour les locaux appartenant à ce dernier. Finalement, le 25 septembre 1896, la ville rachète l'ensemble de l'école pour 80 000 F, marché approuvé par un Conseil municipal pour une fois unanime. En raison de cette dépense et d'un nouvel emprunt, la mise en régie du collège est repoussée jusqu'à la rentrée de 1906.
4) Le collège au début du XXe siècle
Aussitôt après son rachat par la ville, l'école industrielle opère une rentrée normale. Les enseignants recrutés par Rigolage sont intégrés dans le personnel du collège. Son statut est clarifié : elle fait partie des Ecoles Spéciales de Commerce et d'Industrie. Ses effectifs progressent. A partir de 1898, elle délivre un diplôme de sous-ingénieur mécanicien électricien aux élèves qui obtiennent une moyenne de 12 et plus et un certificat de capacité à ceux qui se situent entre 10 et 12. Les études dans cette section passent à trois ans en 1912. Très fière des travaux de ses élèves, l'école constitue un petit musée, afin de présenter des pièces remarquables ; on y voit des rouages complexes et de nombreux objets de fonderie ( éditions Arecole ).
Le docteur Peton introduit
en 1901 une section commerciale, qui n'a jamais pris une grande
extension et qui fonctionne avec un seul enseignant spécialisé.
Celui qui semble avoir sauvé l'établissement
en perdition est l'ingénieur A. Marioge, qui était
chef d'atelier sous Rigolage et qui a continué à
diriger l'école industrielle et même le collège
( les professeurs se plaignent de son impérialisme ).
Il faut dire que le nouveau principal est un incapable, qui reconnaît
lui-même être dépassé par l'héritage
qu'il a trouvé. Très avare dans la gestion du pensionnat,
il doit affronter une véritable fronde des élèves.
Des pensionnaires désertent parfois les promenades ou le
domicile de leurs correspondants pour aller dans les cafés
ou rencontrer des filles légères du côté
du vélodrome. En juillet 1903, deux élèves
se sont baignés dans la Loire et se sont noyés.
Les répétiteurs sont renvoyés en premier
et, finalement, le principal.
Malgré ces incidents, le collège ne se porte
pas si mal. Il édite fièrement des cartes postales
figurant un dortoir ( aux lits tout de même bien serrés )
ou le grand réfectoire, dans la salle à deux poteaux
qui existe toujours, entre la cour d'honneur et la rue Duruy ( A
noter que les élèves disposent d'une petite bouteille
de vin rouge par table ).
Voici le bureau du principal, assez austère, et le parloir, orné par une croix de guerre dédiée « à nos camarades défenseurs de la Patrie - 1914-19 » ( la guerre n'est pas finie ).
Les effectifs donnés pour mai 1899 atteignent un total de 197, dont 103 pensionnaires. Avec 117 élèves, la section " moderne et industrielle " fournit le gros des troupes. Le primaire plafonne à 40, la 7 ème et 8 ème à 11. La faiblesse permanente se situe dans la section classique avec ses 29 élèves en tout de la sixième à la terminale. En 1913 encore, les classes sont regroupées ; ainsi Victor Lohier enseigne les lettres dans la rhétorique-seconde et dans la troisième-quatrième, et il est en même temps bibliothécaire municipal. De nombreux enseignants sont polyvalents ; en 1875, Monsieur Zupp était professeur de physique, chimie, sciences naturelles, professeur d'allemand, et en même temps conservateur du musée municipal. La faible dotation en enseignants constitue la faiblesse permanente du collège : il n'a qu'une dizaine de professeurs, alors que Saint-Louis dispose du double pour des effectifs comparables. Autre faiblesse permanente : la valse rapide des principaux, dont beaucoup sont incapables ou déconcertants.
Les maîtres du collège
tiennent une place appréciable dans la culture locale.
André Allier, Victor Lohier et Bernard Le Gouis publient
des études sur l'histoire saumuroise ; Joseph Prost, nommé
en 1894 professeur de philosophie et d'histoire prépare
sa thèse complémentaire sur " La Philosophie
à l'Académie Protestante de Saumur ( 1606-1685 ) "
publiée en 1907. Théodore Valotaire est conservateur
du musée municipal. Charles Bacon, professeur d'agriculture,
joue un rôle essentiel au musée de la vigne et publie
plusieurs études. Jules Nourisson, ferronnier d'art et
professeur de forge à l'école industrielle, réunit
une importante collection, qu'il lègue à la ville.
Le maître d'armes Cléry, qui exerce aussi à
Saint-Louis et à l'Ecole de cavalerie, jouit d'une large
réputation. Jules Briet, professeur de dessin de 1883 à
1920, est apprécié pour ses aquarelles et ses pastels
représentant des quartiers de la ville ( Voir Fabrice
Masson, Dictionnaire des peintres et des sculpteurs de l'Anjou,
Geste éditions, 2014, p. 49 ).
Le vieux collège, qui a fêté son centenaire
en 1904, n'est pas si décrépit.
Suite de l'exposé : Après 1945, le passage à un enseignement de masse.