« Puisque, a-t-on dit, « les femmes dirigent les moeurs, et que par les moeurs, bien plus que par les lois, se font les peuples », cultiver les intelligences, ouvrir les esprits féminins à la Raison, c'est travailler à l'affranchissement, c'est répandre dans la nation française l'esprit vraiment moderne. Dans une société démocratique, l'Egalité doit être l'idéal : longtemps, l'infériorité intellectuelle des femmes fut exploitée par ceux qui restent attachés au passé au lieu de regarder en avant. C'était leur sûr moyen de gouvernement que l'influence sur leurs maris des femmes ignorantes et routinières. Cette différence de culture morale et intellectuelle n'a pas sa raison d'être dans la France du XXe siècle, et c'est faire oeuvre républicaine, oeuvre civilisatrice, que de contribuer de quelque façon à la prospérité et au succès de l'enseignement secondaire féminin. »
Discours du docteur Peton dans " Collège de Jeunes Filles de Saumur... Fête de la Vingt-cinquième année scolaire. 15 juillet 1907 ", Saumur, E. Roland, 1907 ( A.D.M.L., BIB, n° 1922 ).
1) Un des premiers collèges de Jeunes Filles de France
Le maire de Saumur
se réfère à la formule du comte de Guibert :
« Les hommes font les lois, les femmes font les moeurs ».
Il prolonge fidèlement la pensée de son prédécesseur,
James Combier, qui tenait par dessus tout à briser
le monopole des religieuses sur l'enseignement primaire des filles
et à créer un enseignement secondaire féminin
ambitieux et laïc.
Ce thème est âprement discuté au cours
des débats qui préparent la loi de Camille Sée,
enfin votée par le Sénat le 21 décembre 1880
: l'Etat créera des cours secondaires pour jeunes filles,
réduits à des externats, laissant les municipalités
libres d'y ajouter des internats ; l'enseignement de la morale
y remplacera celui de la religion, cela avant la loi de Jules
Ferry sur la laïcité de l'enseignement primaire. Cette
décision est l'oeuvre d'un isolé, elle rencontre
un faible écho, même dans les milieux républicains ;
le Conseil supérieur de l'Instruction publique en limite
l'importance et fait traîner la rédaction des décrets
d'application, qui ne sont signés que le 22 janvier 1882
( cf. Françoise Mayeur dans Histoire générale
de l'enseignement et de l'éducation en France, Nouvelle
Librairie de France, 1981, t. III, p. 143-152 ).
En l'affaire, Saumur fait preuve d'originalité. Combier et ses amis, sortis
triomphants des élections municipales du 9 janvier 1881
( ils ont remporté tous les sièges ),
n'attendent pas les décrets d'application pour agir. Après
un premier débat dès le 13 décembre 1880,
le 8 février 1881, le Conseil municipal nomme une commission
chargée d'étudier la création d'un collège
de Jeunes Filles ; son rapporteur, le républicain
modéré François-Armand Renou, rend un avis
favorable dès le 25 février ( A.M.S., 2 D 3 ).
La ville cherche aussitôt l'emplacement de son futur collège ;
le 14 mai suivant, sur la proposition de Terrien père,
elle jette son dévolu sur le magnifique clos Louvet,
l'ancien clos de vignes des ursulines, situé aux portes
de la ville en surplomb du collège de Garçons. Emporté
par son élan, le 7 novembre, il vote le principe d'un emprunt
de 200 000 F.
Dans l'attente de nouveaux bâtiments, la municipalité
adopte une solution transitoire. Une cousine de Combier, Emma
Mathieu, avait ouvert un pensionnat pour jeunes filles, qui se
faisait remarquer par une triple originalité : il s'était
déclaré laïc, en dépit des tracasseries
de Monseigneur Freppel ; il pratiquait une méthode
intuitive, les élèves devant construire leur savoir
et non l'apprendre par coeur ; les matières scientifiques
y occupaient une place importante ( François Bouyssi
et Isabelle Emeriau, « James Combier ( 1842-1917
)... », S.L.S.A.S., 1992, p. 61 ). A la
rentrée d'octobre 1881, le pensionnat de mademoiselle Mathieu
devient un cours secondaire ( Olivier Brillant, , L'enseignement
secondaire féminin en Anjou avant 1914, mém.
de maîtrise, Angers, 1997 ). Son statut est un peu
flou en cette période de transition. On sait seulement
qu'il était situé à Nantilly, près
du collège de Garçons, soit rue de Nantilly, soit
dans l'ancienne pension que J.- B. Coulon avait abandonnée
en 1868. Les choses se clarifient l'année suivante. Après
la promulgation de la loi Sée, un décret ministériel
du 28 juillet 1882 crée le " Collège de Jeunes
Filles de Saumur ". A la même époque, la
majorité républicaine à la tête du
pays ouvre les premières écoles normales et écoles
normales supérieures pour jeunes filles. Emma Mathieu réussit
le concours de Fontenay et part prendre la tête de l'école
normale de Mâcon. Elle abandonne donc ses locaux et ses
élèves à une nouvelle directrice, Madame
Morlay, qui assure la première rentrée du " collège
de Jeunes Filles " en octobre 1882, avec un effectif
de 78 élèves, dont 18 boursières ( A.M.S.,
R 9 ). Cette solution temporaire va durer trois années.
La première élève inscrite est Caroline Bury,
fille du médecin et député. L'établissement
fonctionne au départ sur trois classes et avec le renfort
de quelques enseignants du collège de Garçons.
Même si son installation est provisoire, ce collège
est l'un des premiers de France, créé, par exemple,
avant le lycée Fénelon à Paris, qui n'ouvre
qu'à la rentrée de 1883. La comparaison avec la
ville d'Angers est instructive ( Micheline Neveu et Marie-Louise
Triollet, Des Cours secondaires au Lycée européen.
Le Lycée Joachim du Bellay d'Angers, 1997 ). Un
Cours secondaire de Jeunes Filles avait bien été
ouvert en 1880 sur l'initiative privée de professeurs du
Lycée de Garçons ; cet externat rencontre peu
de succès et ferme en 1885 ; il renaît en 1913, rue
Tarin, dans les locaux de l'Ecole primaire supérieure et
ne devient collège qu'en 1923. Ce retard angevin s'explique
par le peu d'enthousiasme de l'opinion publique et par les fortes
pressions des directrices d'écoles primaires supérieures
libres, qui sont appuyées par la majorité des conseillers
municipaux. Tout au contraire à Saumur, le volontarisme
du maire et de son Conseil entraîne la création théorique
du collège avant même la promulgation de la loi Sée !
2) Un collège ou un lycée ?
Quelques définitions
préalables importent. L'enseignement et les programmes
sont identiques dans les collèges et dans les lycées.
Cependant, dans ces derniers, l'Etat prend entièrement
à sa charge les locaux et les traitements, alors que dans
les collèges communaux, les frais sont partagés
en théorie par moitié entre la ville et l'Etat ;
cette répartition est sans cesse négociable :
il peut arriver qu'un bâtiment ou une chaire nouvelle soit
entièrement à la charge de la commune. A partir
de budgets incomplets et confus, j'entrevois que pour son collège
de Garçons, Saumur paie plus que sa part dans les constructions
et les salaires ; au contraire, pour le collège de
Jeunes Filles, l'Etat se montre plus généreux pour
les nouveaux bâtiments et verse exactement la moitié
des frais de fonctionnement.
Le 27 mars 1886, le 12 juin 1893 et dans un dossier de 1902,
le Conseil municipal émet le voeu de voir son collège
de Jeunes Filles transformé en lycée. Cette décision
allégerait ses charges et lui vaudrait des professeurs
plus cotés. D'autres arguments sont avancés ; quand
l'établissement est qualifié de " laïc ",
cela signifie qu'il n'est pas catholique, mais pas du tout qu'il
est antireligieux ; parmi les directrices successives, les
enseignantes et les élèves se trouve une proportion
appréciable de protestants et peut-être d'israélites
( la disparition de toutes les listes ne permet pas d'être
plus précis ). Le docteur Peton souhaite que son collège,
devenant lycée et l'un des rares du Grand Ouest ( il
n'y a pas la concurrence d'Angers, comme pour les garçons ),
attire des jeunes filles de toutes les familles réfractaires
à l'éducation des religieuses et qu'il passe d'une
centaine à deux cent cinquante élèves, ce
qui correspond à son potentiel théorique. Malgré
des espérances, le collège n'est pas devenu lycée
et n'a pas exercé le rayonnement espéré,
à preuve l'effectif limité de ses pensionnaires,
36 en 1900, 34 en 1911, 43 en 1912.
3) La construction du nouvel établissement
Charles Louvet, vivant
désormais à Paris, vend son clos à l'amiable ;
les dernières grappes sont vendangées en octobre
1882. Après l'arrachage des vignes, le terrain est réorganisé :
une partie est affectée à l'agrandissement du Jardin
des Plantes ; au sommet, l'actuelle avenue du docteur-Peton
est élargie ; le bas est restructuré, afin
d'étendre la place des Récollets.
L'Etat a la maîtrise des travaux ; l'architecte
parisien Triboulet dresse les plans ; c'est le recteur d'Angers
qui les examine ; en juillet 1882, il trouve la cour centrale
trop petite par rapport à la taille des bâtiments,
et il approuve le projet définitif le 23 novembre suivant
( A.D.M.L., 417 T 4 ). Les travaux de maçonnerie,
confiés à l'entrepreneur saumurois Louis Cholet,
sont commencés au début de 1883. Les bâtiments
sont réceptionnés le 25 juillet 1885, ce qui permet
d'y déplacer les élèves à la rentrée
suivante.
Quelques travaux complémentaires restent à
effectuer. L'architecte-voyer Ernest Ardoin ajoute une porterie
en 1896.
Sur le coût total du collège, les documents
municipaux indiquent seulement qu'il a atteint près d'un
million de francs, à frais partagés entre l'Etat
et la ville. Le 14 juin 1882, le Conseil municipal avait accepté
un devis se montant à 800 000 F, prix du terrain compris,
et il avait aussitôt voté un emprunt de 400 000
F, contracté auprès de la Caisse des lycées,
collèges et écoles primaires et remboursable sur
30 ans. Quelques rallonges ont suivi, et les entrepreneurs saumurois
sont payés avec d'incroyables retards.
4) Le collège « assurément le plus beau de France »
« Cet établissement,
assurément le plus beau de France, fait le plus grand honneur
à la Ville. Il est admirablement situé, sur le penchant
méridional du coteau qui domine Saumur. Du haut des terrasses,
où l'on accède par un escalier monumental, la vue
s'étend au loin sur la riante vallée du Thouet.
L'architecture des bâtiments est aussi élégante
que bien comprise : l'air et la lumière y pénètrent
à flots. Tous les services sont habilement aménagés
autour de trois larges cours intérieures ; un vaste
parc, bien planté, sert, en été, aux récréations
des élèves. Les classes, les études, les
deux réfectoires, les deux dortoirs où chaque élève
a sa cellule, la salle de bains, l'infirmerie, etc., ont tout
le confortable désirable et répondent à toutes
les exigences de l'hygiène. »
Cette description puisée dans " Angers
et l'Anjou - 32e Congrès pour l'avancement des Sciences ",
1903, p. 319, est à l'évidence inspirée par
le maire de Saumur...
La cour centrale est aussi appelée " cour
de Diane ", à cause d'une statue reprenant un modèle
antique intitulé " Diane ajustant sa chlamyde ".
Elle parvient à marier harmonieusement la construction
classique avec la réalisation industrielle d'un cloître
reposant sur des piliers en fonte.
Au réfectoire, on observera les bouteilles de vin sur la table et les affiches touristiques des Chemins de fer ; dans le petit dortoir, les cellules individuelles des élèves.
La cuisine, installée dans un angle et fortement éclairée, est présentée comme un modèle de modernisme. La vieille cuisinière, Marie Louis-Turpin, se fait discrète devant la fenêtre. Le collège est desservi par le service d'eau, grâce à une éolienne installée tout près dans le Jardin des Plantes.
La
photographie ci-dessus est vraisemblablement prise depuis l'église
de Nantilly. L'entrée principale du collège est
précédée par un escalier monumental orné
par une fontaine.
Le versant sud du coteau est aménagé en un beau parc planté d'essences rares.
En bas, les grilles imposantes sont estampillées aux armes de la ville.
5) De « fortes études »
A la différence
des pensionnats religieux, qui manifestaient de modestes ambitions
scolaires, le nouvel enseignement secondaire féminin a
des visées plus hautes, tout en adoptant des structures
et des programmes différents de l'enseignement masculin
( jusqu'en 1924 ).
La scolarité est répartie en années,
d'abord sur 4, puis sur 5 ans d'études - à Saumur,
à partir de 1889, au moyen d'un crédit supplémentaire
de 1 150 F voté par le Conseil municipal. A la fin
de la troisième année, les élèves
se présentent au brevet élémentaire, ce qui
pour certaines correspond à l'arrêt de la scolarité
( de 1881 à 1907, 187 élèves ont été
reçues à ce certificat de 3ème année
- le collège ne comporte une école primaire
supérieure annexée qu'à partir de 1927 ).
Au terme de la cinquième année, elles peuvent obtenir
le brevet supérieur ( assez sélectif, 52 succès )
ou un diplôme de fin d'études ( 89 réussites
de 1881 à 1907 ).
Dans l'album de Tourte et Petitin, est représentée
la salle de chimie, qui a l'avantage d'exister, mais qui semble
sommairement équipée.
Dans son allocution pour
le 25 ème anniversaire, le docteur Peton célèbre
les « fortes études » pratiquées
au collège de Saumur. Il rappelle fièrement que
de 1887 à 1907, 5 élèves ont réussi
le concours d'entrée à l'Ecole normale supérieure
de Sèvres, dont Louise Micheau, qui est revenue enseigner
à Saumur et qui anime l'Association des Anciennes Elèves,
que deux autres ont été admises à Fontenay,
qui forme les professeurs des écoles normales ; parmi
elles, Blanche d'Isalguier, une orpheline pauvre issue d'une vieille
famille toulousaine. En théorie, le collège ne prépare
pas au baccalauréat, faute d'enseigner le latin sacro-saint.
Dans les faits, des cours facultatifs et payants de cette langue
ancienne sont donnés et quelques élèves se
présentent. Parmi les quatre reçues citées :
en série B ( latin, langues ), Marie Gaudrez,
fille du docteur et maire de Montreuil-Bellay ; Marthe Peton,
la fille du maire, qui devient bachelière en 1903-1904
et qui reviendra enseigner à Saumur ; en série
D ( scientifique ), Renée Landais-Cathelineau,
de Chacé, qui deviendra médecin. Beaucoup d'anciennes
élèves mènent une vie professionnelle indépendante.
Cette émancipation féminine était l'un des
buts de l'établissement.
Le collège aimerait disposer d'une sixième
année, afin de renforcer la préparation aux examens
et aux concours, ainsi que le font quelques grands lycées.
Le Conseil municipal en émet le voeu le 27 mai 1905, mais
cette division supplémentaire n'est toujours pas officiellement
ouverte en 1914, même si, dans la pratique, quelques élèves,
à demi-surveillantes, restent au collège une année
de plus.
L'établissement donne une impression de dynamisme.
Il s'ouvre aux échanges internationaux, il reçoit
en séjour un groupe de jeunes filles anglaises et écossaises,
qui, au retour, fondent à Glasgow un " Club saumurois ".
Dans l'espoir d'attirer de jeunes britanniques, le prospectus
de l'établissement est traduit dans un anglais basique
et orné d'une belle gravure de J. Touzard ( A.M.S., 1 R
26 ). Le texte insiste sur le fait que la directrice et plusieurs
professeurs logés sont protestants.
Ce
prospectus a rencontré un écho. Une jeune britannique, à l'esprit
indépendant, Millicent Zoë Bond, née le 6 février 1896, vient étudier
au collège pendant près de deux ans, en 1913-1914 ; en raison de son
faible niveau en français, elle est intégrée dans les classes
inférieures,mais elle dispose d'une chambre personnelle. Dans ses
souvenirs, elle décrit un milieu cosmopolite, où elle fréquente des
jeunes filles russes, allemandes, autrichiennes, espagnoles et
néerlandaises. Rentrée en Angleterre et devenue par son mariage Lady
Hart Dyke, elle se lance dans un élevage de vers à soie de haute
qualité. C'est elle qui fournit les robes pour les mariages royaux.
D'après les renseignements aimablement donnés par Claire Weiss, Unravelling
the Yarn. Zoë Hart Dyke née Bond and the Leyton Silk Road, Londres,
2018, p. 31-33.
Cet enseignement d'un réel modernisme, formant des jeunes femmes indépendantes et actives, ne doit pas faire oublier la part obligatoire d'activités plus traditionnelles. Le docteur Peton vient donner des cours d'hygiène. Les travaux d'aiguille sont organisés dans une salle spécialisée.
Dans
la salle de dessin et de musique, ces demoiselles, sous la houlette
de Melle Monset, esquissent le buste d'un beau jeune homme.
La musique tient également une place importante. Ce programme de la fête du 10 décembre 1922 révèle que les élèves ont interprété un ballet japonais, qu'elles ont chanté un choeur de Saint-Saëns, joué du Rachmaninov et du Liszt, puis terminé la séance par une comédie en vers de Théodore de Banville, " Socrate et sa femme ".
6) Un encadrement restreint
Selon les pratiques
du temps (?), les semaines des femmes sont plus chargées
et rétribuées plus bas. Alors que le collège
de Garçons est dirigé par un principal, un sous-principal
et un chef de travaux, la directrice du collège de Jeunes
Filles est seule et doit assurer quatre heures de cours par semaine.
Ces directrices défilent à une cadence exagérée :
Mme Morlay, Melle Dziédzic, Melle Grün, Melle Gélin,
Mme Séry-Leypold, Melle Bussard, Melle Dugland, Melle Grandjean,
qui était déjà venue au collège comme
professeur de lettres de 1892 à 1896. Les rapports et la
presse révèlent à mi-mot qu'elles se montrent
peu accommodantes et qu'elles ont des rapports difficiles avec
la municipalité. Certaines souhaitent l'abandon de la régie
directe de la pension et le retour au système de l'affermage,
qui se révèle plus juteux ; en 1902, une directrice
envoie un projet de traité au maire. Comme ce dernier refuse,
les directrices persécutent l'économe, Melle Lusson,
qui a été mise en place par la mairie et qui finit
par gérer les deux collèges. Un sous-préfet
raconte que le docteur Peton a constamment eu des tracas avec
ses deux collèges, ce qui constitue une des causes de ses
démissions.
D'après le traité constitutif du 21 mars 1895,
le corps professoral se compose comme suit :
- une directrice, rétribuée 2 600 F par an,
- deux professeurs de sciences, 2 500 chacune,
- trois professeurs de lettres à 2 500,
- un professeur d'anglais à 2 500
- un professeur de dessin à 1 600,
- trois maîtresses primaires à 1 600.
Soit dix enseignantes
pour une bonne centaine d'élèves, ce qui donne un
pourcentage moyen ( A.M.S., 1 R 26 ). Pas de professeur
de philosophie, pas de professeur d'histoire, matière massacrée
par les professeurs de lettres. Il s'y ajoute une maîtresse
surveillante, qui joue un rôle de surveillante générale
et qui est épaulée par quelques répétitrices,
trois en 1913. En supplément, viennent des heures de latin,
allemand, musique, hygiène, droit usuel et commercial,
coupe et couture, gymnastique.
Voici le groupe des professeurs en 1914, autour de la directrice
Melle Grandjean. Sur la seconde rangée, plus décorative,
se tiennent de grandes élèves de 6 ème
année, dispensées de blouse, arborant la cravate
ou le noeud papillon des féministes, jouant un rôle
de surveillantes.
Le corps enseignant est en majorité composé de célibataires, qui sont hébergées dans des chambres du modèle ci-dessus, bourgeoisement meublées, mais pas tapissées. Logées et nourries, ces enseignantes sont constamment à la disposition de la directrice.
7) Des effectifs un peu minces
Le prix de la pension
est fixé à 600 F par an, ce qui réserve ce
type d'établissement à des familles aisées,
comme nous l'avons vu pour les garçons. Cependant, la ville
fait un réel effort pour ouvrir l'enseignement secondaire
à des milieux modestes : elle offre, sur examen, 3
bourses d'internat et 12 bourses d'externat ; en complément,
le Conseil municipal du 21 janvier 1893 réduit à
450 F le tarif des pensions pour les enfants d'instituteurs et
d'institutrices. Il en résulte que les filles d'enseignants
semblent particulièrement nombreuses et qu'elles deviennent
elles-mêmes enseignantes, la profession s'autoreproduisant,
comme chacun sait.
Les données statistiques partielles que nous avons
pu réunir montrent une légère progression
des effectifs : en 1887-1888, 73 élèves pour
le secondaire - en 1900, 96 au total - en 1905-1906,
85 pour le secondaire - en 1911, 138 au total - en 1912,
155.
En 1914, avant la guerre, 131 élèves posent
pour le photographe. Les deux classes du primaire comptent alors
34 élèves. Voici les 17 écolières
de la seconde année autour de la directrice et de deux
enseignantes :
Les premières années du secondaire se tiennent autour de la vingtaine. Les quatrièmes et cinquièmes années, portant une blouse sombre, forment une seule division se limitant à 26 et encadrant la rangée des professeurs :
Ces effectifs, confortables pour les enseignants, sont tout de même plus étoffés que ceux que nous avons observés au collège de Garçons ou à Saint-Louis.
Dès 1893, il est prévu qu'en cas de guerre, le collège serait transformé en hôpital auxiliaire mis à la disposition de l'Union des Femmes de France. De fait, en 1914, l'externat est transféré 13 rue Gambetta, chez Monsieur Renard, et l'internat dans le grand hôtel particulier du 6 rue du Prêche.