1) Le nombre croissant des victimes
Une dizaine de morts pour
le bombardement allemand de juin 1940, les obus décapitant
les maisons sans pénétrer en profondeur. Au lendemain
des deux bombardements de juin 44, les premiers rapports ne sont
pas très alarmistes, car les autorités locales n'imaginent
pas le nombre élevé de leurs concitoyens qui se
sont terrés dans des caves individuelles. Cette fois, les
lourdes bombes frappent à la verticale et s'enfoncent profondément
dans le sol. La grande cave des établissements Boret, qui
semblait l'abri le plus sûr du quartier, a été
écrasée et incendiée.
Les secouristes de la Défense passive sont gênés
par les bombes à retardement. Ils manifestent cependant
un grand courage et déplorent trois morts et quatre blessés
( rapport du 17 juin 44, A.D.M.L., 97 W 45 ). Ils
procèdent méthodiquement par quartiers, ils entendent
parfois des cris de victimes prises sous les décombres,
mais ils arrivent souvent trop tard.
Le Petit Courrier du 2 juin annonce 12 morts et 60
blessés. Le 3 juin, 32 victimes sont enterrées après
des obsèques solennelles célébrées
dans l'église Saint-Pierre et déclarées nationales
( les pouvoirs publics prennent en charge tous les frais ).
La Direction des Pompes Funèbres fait venir 50 cercueils
de Poitiers. Le 5 juin, 22 autres victimes sont inhumées.
L'estimation est alors de 60 morts et de 63 blessés. Les
secouristes découvrent des corps jusqu'au 7 juin. Finalement,
les services municipaux arrêtent une liste de 87 noms ( A.M.S.,
5 H 36 ). On y constate que des familles entières
ont été anéanties, un peu plus de femmes
adultes ( 32 ) que d'hommes adultes ( 27 ),
et 27 enfants de moins de 21 ans ( d'après les 86
noms donnés par Marnot, p. 205-208 ). Les disparus
appartiennent en majeure partie à des milieux modestes,
restés sur place pour exercer leur profession et habitant
parfois dans des maisons endommagées en 1940. Les trois
victimes de la Défense passive peuvent être ajoutées.
Le total des morts de ces deux raids reste inférieur à
la centaine, nombre arrondi qu'on cite souvent.
Malgré tout, quand nous ferons le bilan humain de
la guerre, nous constaterons que l'ensemble des Saumurois tués
dans un bombardement constitue le groupe de loin le plus important,
c'est aussi celui qui est l'objet de la plus grande compassion
dans les années 1944-1945, car il était composé
de non-combattants sans défense et qui étaient bien
connus par leurs concitoyens.
Les troupes allemandes reconnaissent trois morts ;
il faut sans doute en ajouter cinq autres, car lors du dégagement
des décombres du pont des Sept-Voies, les ouvriers ont
découvert au total cinq corps portant leur uniforme ( A.M.S.,
5 H 38 et A.D.M.L., 97 W 45 ).
2) Pourquoi tant de victimes ?
La police rencontre de nombreux problèmes. Elle doit identifier les corps avec le concours des proches ( deux victimes demeurent inconnues ), prévenir les familles, remettre à ces dernières les valeurs trouvées, dresser les actes d'état civil, répondre aux nombreuses demandes de renseignements ( l'ancien sous-préfet Robert Milliat écrit pour obtenir des nouvelles ). La presse se fait l'écho de ces inquiétudes ; le Petit Courrier du 5 juin publie les curieux avis ci-contre. Les prisonniers sont ainsi rassurés. Monsieur Terral, à l'inverse, s'inquiète à juste titre, son épouse et sa fille ont été tuées.
Si l'on remonte un peu plus haut, des avis parus dans la presse recommandaient aux habitants d'évacuer les abords des gares et des voies ferrées. N'ayant pas de lieu de refuge ou retenus par leurs activités ou par leur commerce, beaucoup de gens étaient restés dans la zone menacée et n'avaient même pas envoyé leurs enfants en lieu sûr. Consciente de ce danger et des insuffisances des abris de cette zone, la Défense passive avait recommandé aux habitants de creuser des tranchées au fond de leur jardin ; ceux qui l'ont fait ont eu la vie sauve. D'autres avaient aménagé des fosses dans le sable du bras des Sept-Voies ; certains ont été enterrés vivants. D'après les témoins, le second bombardement aurait fait moins de victimes, car, cette fois, les habitants se sont aussitôt enfuis très loin.
Selon le bilan méticuleux dressé par la Défense passive ( A.D.M.L., 97 W 44 ),
250 immeubles sont détruits à 100 %,
225 entre 25 et 100 % ( ils devront être reconstruits à cause des effets de souffle ),
215 entre 2,5 % et 25 %,
104 à moins de 2,5 %.
Un nombre équivalent
de familles reçoit une carte de sinistré, très
exactement 799, regroupant 2 222 personnes. Comme le pont
Cessart est encore en service, beaucoup se réfugient au
sud de la Loire. Le Secours national ouvre une cantine dans le
foyer du théâtre et sert 2 800 repas par jour,
tant aux sinistrés qu'aux équipes de déblaiement.
L'endroit étant considéré comme dangereux,
le service est transféré à Saint-André
et finalement sert 19 500 repas du 1er au 21 juin. Un total
de 15 000 repas est servi dans le quartier de la Croix Verte
( une camionnette opère un détour par le pont
de Montsoreau, tant qu'il est intact ). Le service se ralentit
passé le 21 juin ; le fourneau alimentaire distribue
alors de 550 à 600 repas par jour à la Miséricorde
et de 400 à 450 repas à la Croix Verte ( A.M.S.,
5 H 12 ).
Plus d'eau, plus d'électricité, plus de gaz
dans les quartiers dévastés ( les gens dépendent
de la cantine collective ). Ces services seront longs à
rétablir en raison de la coupure du pont des Sept-Voies.
De toutes façons, le gaz est coupé partout.
L'ensemble de la ville est de même de plus en plus
mal approvisionné. Les transports ferroviaires et routiers
sont gravement perturbés. Les établissements Goblet,
épicerie en gros, par où transitait l'essentiel
de l'alimentation réglementée, avaient été
détruits en 1940 ; réinstallés dans
un vaste baraquement sur le square de la Boire-Quentin, ils sont
endommagés par le souffle de bombes très proches
et ils sont transférés à Saint-Hilaire-Saint-Florent
dans les caves Besombes, à Moc-Baril. A l'abattoir, également
endommagé, cinq tonnes de viande ont été
envoyées à l'équarissage. Les réserves
du Secours national entreposées dans l'usine Gallé,
avenue David d'Angers, sont en partie détruites.
Des sinistrés sans abri sont d'abord hébergés provisoirement dans le foyer du Théâtre. Les réinstaller dans les quartiers intacts n'est pas si facile, car désormais la ville est pleine, elle accueille déjà des sinistrés du bombardement de 40 et de nombreuses troupes occupantes. Le maire Clochard doit brandir des menaces de réquisitions dans son appel, revêtu du visa du capitaine Reuter, commandant de la place ( A.M.S., 5 H 22 ).
A la date du 9 septembre,
604 familles sinistrées sont relogées ( Conseil
municipal du 28 septembre 1944 ). Mais plus rien n'est libre,
il faudra désormais loger les gens en séjour temporaire
dans des baraquements préfabriqués.
Sur le plan financier, le Conseil municipal du 19 juin vote
d'importantes aides : 100 000 F au Secours national
pour les fourneaux d'entraide, 100 000 F au Comité
des sinistrés et 100 000 F pour dépenses urgentes,
comme les frais d'obsèques. D'autres communes participent :
Saint-Hilaire-Saint-Florent envoie 20 000 F, Cholet 25 000
F.
Après deux nuits d'angoisse, le moral des habitants est atteint. Dans l'après-midi du vendredi 2 juin, la rumeur d'un nouveau bombardement se propage comme une traînée de poudre, à partir du fait que les Allemands ont évacué le Soldatenheim. Des gens s'enfuient dans toutes les directions, dominés par une inquiétante poussée de panique. Des familles entières partent s'installer dans les grandes caves du coteau et y vivent dans des campements précaires. D'autres, qui ont des parents ou des amis dans les campagnes voisines, partent s'y installer ou tout au moins y envoient leurs enfants. Saumur se dépeuple à nouveau ; le sous-préfet Trémeaud constate que « plus de la moitié de la ville s'évacua » ( A.D.M.L., 30 W 221 ). Il demande aux habitants de rester sur place. Voici le début de son appel affiché vers le 4 ou le 5 juin :
© Archives départementales de Maine-et-Loire, 97 W
45
En tout cas, malgré les départs nombreux, les membres de l'administration et de la Défense passive restent à leur poste.
A longueur de colonnes,
le Petit Courrier traite les Alliés d'assassins ;
ses invectives redoublent à cette époque. Le 17
juin, vers 23 h 30, un jeune homme de 23 ans et deux jeunes femmes,
tous membres du P.P.F.
et appartenant à des familles de collaborationnistes ardents,
sont surpris par les gendarmes à peindre à l'aide
d'un gabarit les inscriptions " Signé R.A.F. "
et " Libération ", sur les murs des
quartiers dévastés ( on en remarque plusieurs
exemples sur les photos de l'époque ). La patrouille
ne peut rien leur faire, puisque les trois comparses présentent
une autorisation de circuler délivrée par les autorités
occupantes. Déjà, la veille, les deux femmes avaient
jeté dans les rues des tracts d'origine allemande ( Viala
p. 20 ). La tentative de retourner l'opinion est claire.
Elle ne semble pas avoir de grand effet. Au cours des obsèques
nationales célébrées à Saint-Pierre,
le très pétainiste Monseigneur Costes prononce une
allocution prudente. Le maire Clochard commet néanmoins
un impair en invitant à la cérémonie le commandant
allemand de la place, qui se fait un plaisir d'y assister. Toutefois,
aucun glissement n'est perceptible : le gros des habitants
continue à considérer les Alliés comme des
libérateurs.
Revoir le plan
des bombardements.
Nous avons déjà présenté le bâtiment principal de la gare Rive-Droite comme relativement épargné ; ébranlé toutefois par les explosions, il est inutilisable et sera entièrement reconstruit.
Le voici vu de l'autre côté de la voie ferrée unique, mais vite rétablie.
Plus à l'ouest, les bâtiments de service et la gare des marchandises sont durement touchés ; la banderole invitant les touristes à visiter la perle de l'Anjou prend une dimension dérisoire.
Des
cratères isolés trouent l'avenue David d'Angers ;
les usines et les grands entrepôts sont détruits ;
une bombe isolée tranche en deux l'hôtel Terminus.
Une bombe non explosée est découverte dans
le café du Sapin ; le génie allemand la détruit
sur place, pulvérisant en même temps le bâtiment.
La route de Rouen, axe stratégique, est sévèrement touchée. Les deux grands bâtiments de son entrée, la pharmacie Le Menac'h et le café de la Gare, tiennent encore debout. A l'entrée du très collaborationniste café de la Gare, apparaît l'inscription, déjà signalée, " Signé R.A.F. ". En arrière, la place de l'Ancienne-Gare, est totalement labourée ; sur les cinq arches qui enjambaient les voies ferrées, une seule est intacte ; l'ancien débarcadère du Chemin de fer est anéanti ; seule, la station-service Azur est à demi épargnée.
Les premières maisons de l'avenue David d'Angers semblent moins atteintes, mais les contreforts de la tranchée ferroviaire sont abattus.
Plus loin, sur la route de Rouen, le désastre est complet. La voici vue vers la ville.
Et maintenant vue vers le nord.
En outre, au mois d'août, les troupes allemandes vont incendier avec des grenades quelques maisons encore intactes.
Plus à l'est, la rue de la Croix-Verte est aux trois quarts détruite. L'espace qui la sépare des voies ferrées ( rétablies ) a été l'objet d'un pilonnage intensif. Les pittoresques rues Pharouelle et Gratigny sont rayées de la carte et ne seront pas reconstituées sur place. Tout le quartier est méconnaissable, au point qu'il est difficile de s'y retrouver. Je pense que nous voyons à droite les vestiges de la rue de l'Ile-Neuve et, vers la gauche, de la rue de la Croix-Verte.
Le non moins pittoresque pont de la Croix Verte est touché par trois bombes ( il resterait des arches intactes sous le nouveau remblai ).
Le pont des Sept-Voies était particulièrement visé ; les cratères de bombes dans les sables du bras forment une constellation impressionnante. Trois de ses arches sont détruites. Le 5 juin, les S.S. ordonnent à l'entreprise Sainrapt et Brice d'en faire sauter une quatrième, qui gênait la pose d'une passerelle ( A.M.S., 5 H 36 ) ; curieusement, les trois arches intactes se trouvent du côté de la gare. Il a fallu un pilonnage intense pour atteindre ce résultat, tel qu'il apparaît vers le 5 juin, au début des travaux.
La place du Roi-René,
déjà touchée en 1940, a été
fortement arrosée ; sont détruits les établissements
Boret, l'hôtel du Roi-René, la rue Basse-Censier
et l'extrémité de la rue
Waldeck-Rousseau. La
Maison de la Reine de Sicile est à nouveau dégradée.
Nous avons déjà signalé les bombes isolées
qui tombent plus au sud ; la rue Jules-Ferry est ravagée.
Le cliché à droite présente le débouché
de la rue Jules-Ferry dans la rue Nationale. La maison de l'épicier
Goblet est détruite ( son établissement situé
plus à droite avait été anéanti en
1940 ).
La circulation, seulement sur deux roues, reprend, car le
pont Cessart a été réparé.
De l'autre côté de la percée centrale,
la rue de l'Arsenal est anéantie.
Les photographes locaux,
Decker, Lacoste et Leconte, opèrent de nombreux clichés
de ces ruines impressionnantes, mais, faute de papier photographique,
ils n'éditent que de médiocres tirages au format
6x9. De nombreuses familles en possèdent. Nous ne publions
ici que les plus représentatives. Beaucoup d'autres peuvent
être vues dans Michel Ancelin, Saumur déchirée,
photos des heures sombres : 1940/1944, 1990.
7) Une forte mobilisation
Dans
l'immédiat, une masse considérable d'hommes intervient
sur les lieux sinistrés, des volontaires comme des requis :
- Dès la première nuit, des pompiers accourent aussitôt,
ceux de Saumur, de Saint-Hilaire-Saint-Florent et de Doué,
ceux de Longué, qui, seuls, peuvent intervenir dans la
zone de la Croix Verte. Ils éteignent rapidement les débuts
d'incendie, si bien que les pompiers de Baugé et de Tours,
venus en renfort, repartent au petit jour.
- Un imposant service d'ordre est mis en place immédiatement,
afin d'empêcher le renouvellement des pillages de 1940 et
afin de protéger les maigres biens encore récupérables ;
l'entrepôt du Secours national, ouvert à tous les
vents, est spécialement surveillé. Quatre gradés
et vingt gendarmes de Saumur et des environs assurent des factions
jusqu'au 17 juin. Ainsi, ils surprennent un soldat allemand en
train de dérober un phonographe dans un magasin détruit
de l'avenue David d'Angers.
- Sur réquisition du sous-préfet, trois camions
transportent depuis Fontevraud une centaine de détenus
de droit commun, sous la surveillance de leurs gardiens, renforcés
par treize gendarmes - une main d'oeuvre peu efficace : deux
détenus en profitent pour s'évader ; d'autres
tombent sur des caves bien garnies et s'enivrent avec leurs gardiens ;
au retour, un accident cause plusieurs blessés.
- Les 341 Saumurois membres de la Défense
passive sont constamment sur la brèche et ont beaucoup
de peine à faire face aux opérations de secours.
Nous l'avons déjà dit : ils comptent dans leurs
rangs trois morts et quatre blessés.
- Le 5 juin, le maire Clochard fait annoncer par le tambour de
ville que tous les hommes requis pour les travaux des tranchées,
même ceux qui sont classés travaux légers,
doivent se présenter le lendemain devant l'hôtel
Budan, à 5 h 30. D'après les listes dressées
et évoquées dans le dossier sur les réquisitions,
cette main d'oeuvre employée au déblaiement des
rues doit s'élever aux environs de 326 travailleurs.
- En avril 1944, avait été élaboré
un plan de réquisition du quart des hommes des communes
périphériques ; il prévoyait la venue
à Saumur de 323 hommes pour participer aux déblaiements.
Ce total n'a pas été atteint, car les travaux des
champs, alors très lourds, retiennent nombre d'hommes dans
leurs villages.
- Cinq jeunes gens traînant en ville et en apparence désoeuvrés
sont interpellés par la police et envoyés sur les
chantiers ( A.D.M.L., 97 W 17 ).
- Une troupe de 100 travailleurs est venue de Renazé.
- Une compagnie de 250 jeunes gens des Chantiers de Jeunesse,
travaillant pour l'Organisation Todt est affectée à
Saumur et logée dans les baraquements du Chardonnet. Les
rapports de police sont peu élogieux à leur sujet
et les présentent comme une bande de voyous, fainéants
et cherchant querelle aux habitants.
- D'autres jeunes gens des Equipes nationales, 10 équipes
de 5, participent aussi aux déblaiements et aident les
sinistrés à récupérer des objets.
- Les adhérents du Comité
Ouvrier de Secours Immédiat, un groupe collaborationniste,
se mobilisent et se mettent en avant. Ils disposent de fonds considérables
et peuvent distribuer aux sinistrés 250 000 F entre
le 2 juin et le 28 juillet.
Finalement, le sous-préfet ne doit pas exagérer quand il écrit vers le 5 juin que 1 000 travailleurs sont à l'oeuvre dans la zone sinistrée. Ces derniers dégagent les rues en édifiant des murettes de tuffeau le long des trottoirs ; ils rebouchent les trous de bombes les plus gênants ; ils dégagent les voies ferrées, que les cheminots français et allemands réparent aussitôt. L'équipement est rudimentaire et se limite souvent à des brouettes, comme ici à l'ouest de la gare :
Des wagons sont aussi utilisés sur la zone ferroviaire :
Les travaux sont dirigés
par des entreprises françaises. Bellati organise le déblaiement
des rues, renforcé par l'entreprise Delhommeau, de Candé.
Sainrapt et Brice rétablit le pont des Sept Voies. Nous
verrons plus loin l'entreprise Lucchini ( de Thouars )
organiser les travaux du tunnel et des voies ferrées. Pas
la moindre trace d'uniformes vert-de-gris dans ces chantiers.
On travaille, sans nervosité, entre Français, pour
remettre en état la ville et les services publics, tout
en étant bien conscients de servir les occupants, qui exigent
le rétablissement rapide des voies de communications. La
circulation des trains, d'abord sur une voie unique, est assez
vite réalisée. Cependant, le contrôle par
la police des travailleurs présents signale encore pour
le 17 juin 264 ouvriers au travail sur le chantier de la Gare
Rive-Droite.
8) Les travaux sur le bras des Sept Voies
En première urgence, une passerelle pour piétons est posée sur le bras des Sept Voies, en amont du pont ruiné. Comme le niveau des eaux n'est pas élevé, elle est simplement posée sur des chevalets. Réalisée dans la première quinzaine de juin, elle est, je crois, l'oeuvre des Ponts et Chaussées français.
La même passerelle vue vers le sud, alors que le niveau des eaux s'élève.
Les Allemands exigent de grands travaux sur le pont des
Sept-Voies. Dès le 5 juin est commencée la construction
d'un pont de bois à voie unique, reposant sur les piles
encore debout et sur des bâtis de bois intermédiaires.
Les fortes poutres peuvent soutenir des charges importantes.
Sainrapt et Brice met en action une forte équipe
de 60 ouvriers de l'entreprise, renforcée par 6 salariés
de l'entreprise Baroux, par 63 cantonniers des Ponts et Chaussées
et par des charpentiers de la région, mis en réquisition.
Ces travailleurs sont logés dans des baraquements de l'Ecole
de cavalerie et nourris dans l'école des Récollets.
En complément, une scierie mécanique est implantée
à côté du chantier.
Selon les étapes retracées par ces médiocres photos, les travaux sont menés à bonne vitesse, en deux mois exactement ; ils sont achevés le 4 août ( Saumur pendant la Guerre, p. 116 ). Le nouveau pont de bois servira fort peu de temps, mais il permet à nouveau le passage de convois routiers.
Le bilan humain et matériel des deux grands bombardements est donc fort lourd. Si la légitimité stratégique de ces opérations ne me paraît guère discutable, les techniques employées, le Carpet Bombing, apparaissent comme cruelles et d'une efficacité limitée, les erreurs de tir sont également nombreuses. Toute circulation routière et ferroviaire sur la Loire a été interrompue pendant une petite semaine au début de juin, puis après la destruction du pont de fer, pendant trois semaines en juillet. Passé le 4 août, le franchissement routier du fleuve est rétabli...
Sources de cette étude dans le dossier précédent.