« Habiter,
travailler, se recréer ( dans les heures libres ),
circuler », telles sont les quatre clefs de l'urbanisme
que définit Le Corbusier dans la Charte d'Athènes
en 1933 et qui ont imprégné les premiers plans dressés
à Saumur.
Au lendemain de la Libération, la ville souhaite
en priorité reconstruire les quartiers ravagés en
1940 et en 1944. Elle dispose du plan élaboré par
André Leconte, " Ville de Saumur. Projet de
reconstruction et d'aménagement " ( A.M.S.,
1 Z 43 ), plan chirurgical orienté avant tout
vers la circulation, plan
proposé une première fois en 1942, légèrement
retouché après les nouveaux bombardements, approuvé
par le Conseil municipal du 21 décembre 1944 et déclaré
d'utilité publique seulement le 8 mai 1948. Les vastes
chantiers de la Reconstruction
sont étudiés dans un dossier précédent.
Fallait-il rétablir à l'identique les quartiers
détruits ? Les ponts et l'ensemble des Ardilliers
ont repris, au moins visuellement, leur physionomie d'antan. Il
n'en est pas de même pour les logements, qui, dans l'île,
sont remplacés par des ensembles aux proportions géométriques
en rupture avec le paysage urbain d'avant-guerre.
1) La nécessaire expansion de l'espace urbain
Dans les années
1950, alors qu'on achève la reconstruction des anciens
espaces habités, il devient évident que la forte
crise du logement, que la flambée démographique,
qu'un court afflux de ruraux, que l'aménagement obligatoire
de zones industrielles séparées rendent nécessaire
l'ouverture de nouvelles zones urbanisées en dehors de
l'ancien espace réduit de la ville. Il n'y a pas de vrai
débat public sur les grands choix à opérer
et sur les axes majeurs de l'expansion ; le problème
est discuté au sein du cercle restreint des urbanistes,
des édiles et des services préfectoraux.
Un document d'étape trop oublié avait été
produit en mai 1931 par l'architecte-voyer Jean Hénin dans
son Projet d'aménagement,
d'extension et d'embellissement de la ville de Saumur.
Ce plan ne prévoyait pas de forte expansion au nord de
la Loire ; à l'inverse, il proposait deux grands lotissements
dans l'île d'Offard et dans l'île Millocheau ; surtout,
il envisageait une immense cité-jardin pavillonnaire recouvrant
les Hauts Quartiers. Il doublait, en somme, la surface de
l'agglomération.
Hénin a été en partie suivi, sauf en ce qui
concerne le style des habitations.
Le plan suivant d'André Leconte est moins audacieux
et s'intéresse peu aux extensions de la ville. Il préfère
l'agrandir vers le nord ; il reconstruirait l'usine à gaz
à l'extrémité de la rue de l'Ancienne-Gare,
près de la voie ferrée, et il ouvrirait une zone
industrielle sur la route de Rouen. Peu attentif aux zones inondables,
il se contente de constater trois types de crues, la crue ordinaire
( à la cote 29, soit 5 m à l'échelle du pont
Cessart ), la crue extraordinaire, considérée
comme triennale ( cote 30, 6 m au pont Cessart ), et enfin la
crue exceptionnelle du type 1856 et 1910 ( cote 31, à
7 m). Il n'en tire aucune conséquence, à la
différence du Service de la Loire.
Ce service rappelle les menaces qui pèsent sur
Saint-Lambert-des-Levées,
apparemment protégé du côté du fleuve
par la levée, doublée par la voie ferrée,
mais pas du côté de l'Authion, susceptible de se
gonfler par des infiltrations venues de la Loire, par des eaux
pluviales lentes à s'évacuer ou par une intrusion
comme celle de 1856. En tout cas l'administration préfectorale
interdit une zone industrielle prévue le long de la voie
ferrée, ce dont se plaint le Conseil municipal de Saint-Lambert.
Depuis, le Plan de Prévention des Risques d'Inondation
a laissé bâtir l'Ecoparc, la zone industrielle et
une zone pavillonnaire de faible densité. Cependant, depuis
la tempête Xynthia, les normes sont durcies par la DREAL
( Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement
et du Logement ), si bien que les maires redoutent de ne
plus pouvoir construire dans la vallée.
Un second projet de zone industrielle à la Croix
Verte est interdit en 1958, parce qu'il empiéterait sur
des « terrains maraîchers de grande valeur ».
Résultat de ces blocages successifs : les aménageurs
saumurois ont limité leurs ambitions sur le flanc septentrional
de la ville. A partir de cette dernière date, ils préparent
la zone industrielle du Clos Bonnet et la ZUP du Chemin Vert.
Saumur va s'agrandir vers le sud, d'abord vers le sud-est et sur
des hauteurs mal reliées aux quartiers anciens ( les
nouveaux quartiers sont décrits dans le dossier
consacré au logement ). Ce qui n'a pas empêché
de construire en zone inondable derrière des digues, comme
à Millocheau et au Chemin Vert.
Ces extensions considérables de l'espace urbain sont
officialisées par le Plan directeur du Groupement d'urbanisme,
rédigé en partie par Jean Denieul, urbaniste de
la ville, et modifié à trois reprises ( A.M.S.,
T 3 ). La dernière mouture est approuvée
par le préfet le 8 mai 1968, alors que l'essentiel des
réalisations est effectué ou en cours. Ce document
devient caduc le 31 décembre 1974, car il est remplacé
par de nouveaux plans structurants.
2) Les plans structurants ( 1971-1977 )
En
réalité, un plan partiel était apparu à
l'intérieur du plan directeur : dans le cadre de la
loi du 4 août 1962, dite loi Malraux, un Secteur sauvegardé
est créé dans le centre ancien de Saumur, délimité
sur 35,8 ha par l'architecte Henri Enguehard et définitivement
approuvé le 30 juin 1971. Ce secteur se subdivise en réalité
en deux zones très différentes ( Jacques Jeanneau,
« Cholet et Saumur : deux politiques d'aménagement
du centre en ville moyenne », Norois, 97-98,
janvier-juin 1978 ).
La zone de réhabilitation,
autour de la Grande-Rue
et de la rue du Temple,
permet la restauration soignée de beaux hôtels particuliers
et d'intéressantes façades, sous leur meilleur statut
( voir les nombreuses photos dans les dossiers consacrés
à ces deux rues et à la rue
des Payens, qui bénéficiait de subventions ).
Au pied du château, le secteur Dacier est déclaré
sans intérêt architectural ( encore que le cours
Dacier ne manquait pas d'allure ; voici à droite ses
bâtiments en cours de destruction en janvier-février
1975, dont la chapelle du côté gauche ). Les
objectifs sont de consolider le coteau ( qui s'écroulait
sans cesse ), d'ouvrir une percée ( baptisée
aujourd'hui " rue des Patenôtriers ",
d'aménager des parkings, d'offrir un cheminement piétonnier
vers le château et de repeupler le coeur de ville.
On retrouve à gauche
le quartier qui a été détruit, photographié
par Roger Henrard en 1965-1966, le cours Dacier, l'école
du Fort et quelques maisons voisines ; sur le cliché de
droite, la rue Boisselier et une aire de jardins étagés,
ensemble également ravagé, mais non reconstruit
( photo Henrard, 1969 ).
Pour cette zone, il y a abus de langage à parler de " secteur sauvegardé " ; tout est rasé avec rage, les photographes sont mal accueillis, alors que cet enclos du Boile correspond au site primitif de la ville et que des fouilles archéologiques s'imposaient.
Nous sommes maintenant dans l'été 1975 : les travaux de destruction du coteau sont à peu près achevés ; la Maison des compagnons, qui a survécu, est reconnaissable à son pignon aigu, tout à fait à gauche ; à côté, plus à droite, une grosse maison a été abattue par la suite( je me perds en hypothèses sur son compte ). En bas, la rue Boisselier existe encore, mais va bientôt être supprimée à son tour. Au fond, à gauche, en contrebas, les vieux immeubles de la rue Haute-Saint-Pierre, vont être remplacés.
Comme Paris avait le trou des Halles, Saumur avait l'îlot
Dacier ( à gauche, en janvier 1977 ), une gigantesque
excavation entourée par des talus en béton, afin
de consolider le coteau ( à droite ).
Sur ces bases, la SEMISAU ( Société d'économie mixte de Saumur ) réalise une opération immobilière d'envergure en construisant des bâtiments serrés et élevés ( plus bas, à gauche ).
Les architectes affirment, sans rire, vouloir évoquer un village médiéval et s'efforcent de varier les volumes ( à droite ). Les touristes qui montent au château sont frappés par le hiatus et ont une impression de minéralité sèche. Ainsi est édifié un ensemble de 149 logements, en partie sociaux.
Une seconde tranche de travaux est prévue, plus à l'ouest, en prévision de laquelle d'autres bâtiments sont détruits. Mais le préfet stoppe le chantier en refusant le permis de construire en 1980.
En annexe, sont menés
de grands chantiers sur la rue
Haute-Saint-Pierre, la rue
Fourier et la rue Jean-Jaurès,
en partie
réhabilitation du bâti originel, en partie constructions
nouvelles, pastichant parfois les anciennes boutiques de patenôtriers.
Là aussi, d'énormes destructions, en particulier
( à droite ), auprès du chevet de Saint-Pierre,
d'intéressantes maisons des XVe, XVIe et début XVIIe
habitées par des chapelains de l'église. La place
Saint-Pierre est à nouveau remodelée ; le pittoresque
Marché couvert est détruit en février 1980
et remplacé par des halles modernes, financées par
la CCI, et par un immeuble-miroir ( voir photos sur la description de la place Saint-Pierre ).
Au-delà de ce " Quartier
sauvegardé ", l'élaboration d'un SDAU
( Schéma Directeur d'Aménagement Urbain )
était obligatoire, afin d'encadrer les axes d'intervention
des pouvoirs publics à l'horizon de l'an 2000. L'opération
prend une réelle ampleur à Saumur. Elle est précédée
par la publication d'un solide Livre blanc rédigé
par la Direction Départementale de l'Equipement en 1971.
Le débat public prend une grande ampleur, associant même
des scolaires. Très vite, il apparaît que la zone
d'études ne peut être limitée à la
seule agglomération ; dans le but de les préserver
d'une urbanisation anarchique, de nouvelles communes sont associées
en mars 1974, si bien que le SDAU couvre finalement 11 communes
s'étendant de Vivy à Brézé et de Verrie
à Souzay-Champigny. Ses conclusions sont approuvées
par la commission plénière du 26 juin 1975, puis
par la plupart des conseils municipaux. Cependant, des difficultés
apparaissent avec des communes hostiles à l'extension des
terrains militaires autour de la forêt de Fontevraud ou
s'inquiétant de voir leur liberté d'action menacée
par ce plan venu de la ville. Saint-Cyr-en-Bourg et Rou-Marson
votent contre. Brézé, après un score nul,
se rallie en janvier 1977. A partir de cette date, comme 9 communes
sur 11 l'ont accepté, le SDAU devient définitif.
Dans les faits, ce plan concerne avant tout la nouvelle
ville de Saumur. Très ambitieux, il arrête les grandes
zones d'expansion urbaine sur l'agglomération et ses environs
immédiats, compte tenu des contraintes ; il fixe l'emplacement
de la rocade et des zones industrielles ; il adopte le tracé
des percées urbaines, d'ailleurs souvent déjà
en projet et il décrète que la place de la Bilange
sera totalement piétonne. L'essentiel des grands travaux
d'urbanisme lancés depuis quarante ans est décrit
dans ce plan.
Ce SDAU pèche surtout par excès d'optimisme.
Il avance que la ville de Saumur dépassera les 56 000
habitants, selon l'hypothèse haute, et 63 000 pour
l'aire d'études ( alors qu'un premier ralentissement
s'était déjà manifesté ), que
le nombre des actifs pourvus d'un emploi augmenterait de 72 %.
On peut aussi lui reprocher de n'étudier que le centre
ancien, alors que les nouveaux quartiers manquaient sérieusement
d'équipements.
En cours de discussion, le SDAU débouche immédiatement sur des réalisations concrètes, car la DATAR, après avoir privilégié les " métropoles d'équilibre ", définit une nouvelle politique favorable aux villes moyennes. Dans ce cadre, le dossier adopté par le Conseil municipal du 23 octobre 1975 est définitivement accepté le 20 février 1976 par le Comité Interministériel de l'Aménagement du Territoire. L'Etat débloque 4,2 millions de francs en autorisations de programmes, à quoi s'ajoutent des crédits accordés au titre du plan de circulation et une subvention spéciale liée à la récente fusion-association. La brochure " Saumur, ville moyenne " énumère une série de 18 actions. Les premières concernent la circulation en centre-ville, la réalisation de parkings et une forte piétonnisation contrebalancée par l'ouverture d'un réseau de transports publics. Des travaux de consolidation du coteau sont aussi programmés. Alors qu'on vient tout juste de l'achever, la ZUP du Chemin Vert aura droit à une opération de " rattrapage " et de " déminéralisation " ; la circulation y sera sécurisée. La future rocade est l'objet d'une étude d'intégration et sont lancées les études préparatoires à la zone d'activité du Champ Blanchard. Des cheminements particuliers seront réalisés sur " l'araignée verte ", le long du Thouet. Sous le nom d'Athénée seraient ouverts de nouveaux équipements socio-culturels dans le péristyle du Théâtre et dans un passage couvert sur la place de la République, jusqu'à l'extension des services municipaux autour de la chapelle Saint-Jean.
On le voit, tout n'a pas été réalisé dans ce catalogue fourmillant de projets. Dans l'immédiat, les choix précédents débouchent sur un nouveau Plan d'Occupation des Sols arrêté par le préfet le 3 octobre 1977 et devenu le Plan Local d'Urbanisme en juin 2006.
3) Les nouveaux plans de protection et de rénovation urbaine ( depuis 1994 )
Une trêve se produit
dans cette vague planificatrice, qui redémarre par un Contrat
de ville du 30 mars 1994 visant à renforcer la cohésion
sociale. A la suite des solides rapports établis par le
cabinet Berger-Wagon de La Rochelle et par le nantais Yves Steff,
le secteur protégé est agrandi. Le Plan de Sauvegarde
et de Mise en Valeur ( PSMV ), défini en 2005 et revu
en 2007, passe à 147,85 ha et recouvre toute la ville ancienne
entre Loire et Thouet ( limites portées sur le plan général
( agrandir à sa taille réelle ) ).Toute
modification, y compris sur des maisons du XIXe siècle,
est soumise à une réglementation fort minutieuse.
Plus large encore, la Zone de Protection du Patrimoine Architectural,
Urbain et Paysager, établie en 2001, s'étend sur
2 000 hectares, y compris dans les communes associées,
autour des monuments historiques et dans les espaces naturels
les plus significatifs. On peut consulter ces documents sur le
site :
http://www.ville-saumur.fr/urbanisme.cfm
En mai 2019, la ZPPAUP devient
l'AVAP, l'Aire de Mise en valeur de l'Architecture et du Patrimoine.
Notre patrimoine est en
principe bien gardé. On peut cependant s'inquiéter
d'un principe posé par les architectes urbanistes :
les constructions nouvelles se feront dans le style contemporain.
S'il est bien vrai que les pastiches des constructions anciennes
sont en général fort médiocres, que dire
de la plupart des réalisations récentes, de l'îlot
Dacier ou d'un immeuble de la rue Seigneur, qui font hiatus avec
leur environnement ? Malgré tout et pour l'instant, le
vieux Saumur reste riche en monuments de qualité et en
quartiers d'une assez bonne homogénéité.
Nous
sommes également protégés par deux Plans
de Prévention des Risques d'Inondation concernant la Loire
et le Thouet. Sensibiliser la population à des risques
trop oubliés est faire oeuvre indispensable. Mais est-il
besoin de donner dans la surenchère en posant des témoins
de la crue de 1856 environ un mètre trop haut ? Par
exemple sur la sous-préfecture ou sur le clocher de Saint-Nicolas
( à droite ). Ou bien, en affichant des photos
d'anciennes inondations pourvues de cotes fantaisistes ?
Un autre plan est consacré aux mouvements de terrain du
coteau ( à gauche, en avril 1988, destruction des maisons
situées au sommet de la montée du château
et aménagement de deux voies d'entretien ).
Les nouveaux quartiers construits à la hâte
et sans finesse dans le troisième quart du XXe siècle,
qualifiés désormais de " zones urbaines
sensibles ", sont soumis à une restructuration
énergique depuis 2004. Dans le cadre du Projet de Renouvellement
Urbain ( PRU ), qui dispose d'un crédit de 28
millions d'euros, les LOPOFA, la Manivelle et des tours du Chemin
Vert sont déconstruits et remplacés par des équipements
de quartier, des immeubles de faible hauteur ou des maisons
individuelles.
Ces travaux de " résidentialisation "
apportent des espaces verts et fractionnent la circulation ; ils
touchent le Chemin Vert, les Hauts Quartiers, les Violettes, la
Croix Verte, les environs de la gare S.N.C.F. et de la gare de
l'Etat.
Voilà, au total, beaucoup de règlements, beaucoup de sigles énigmatiques, beaucoup de technocratie. Mais, malgré des bavures, Saumur demeure une cité de caractère et les faubourgs populaires, en plein remodelage, vont peut-être se repeupler.
4) Les grandes voies de circulation routière dans la ville
La ville de Saumur fut longtemps sans boulevards périphériques : la levée de défense destinée à contenir les hautes eaux du Thouet était une digue étroite réservée aux piétons et aux cavaliers. Par d'énormes travaux de terrassement exécutés de 1966 à 1975, elle est portée à deux fois deux voies, sur une emprise de 25 mètres, selon les projets d'André Leconte. Le nouveau boulevard, d'une importance essentielle pour la circulation urbaine, est dédié d'abord à Delessert, puis par tronçons à des chefs militaires, de Lattre de Tassigny, Weygand et Juin. Dans son prolongement au-delà de la percée centrale, l'actuelle avenue Louis-Renault et ses prolongements sont élargis une première fois pour répondre aux besoins des véhicules de l'armée américaine, ensuite, à partir de 1966, le boulevard de la Marne est définitivement tracé lors de l'endiguement de la zone du Chemin Vert, sur une largeur de 20 m ; il est prolongé progressivement par le CD 93. La ville dispose ainsi d'une bonne desserte à l'ouest et au sud.
Dans la ville ancienne,
la percée Chanzy, déjà prévue dans
le plan d'alignement de 1845,
est enfin ouverte à la circulation en 1979 et, plus tard,
appelée " rue des Carabiniers de Monsieur ".
Dans
le même quartier, une autre percée sur l'emplacement
du hangar Bossut n'est pas réalisée. Sur le quai,
en avant de la place de la République et du départ
du quai Mayaud, une voie sur berges décongestionne la circulation.
La percée Dacier devenue rue des Patenôtriers permet
de traverser le quartier Saint-Pierre. Dans le prolongement de
la rue de Poitiers est ouverte la rue du Mouton, qui débouche
sur une rue Marceau élargie. Plus récemment, de
1997 à 2000, est réalisée la LULOC, la Liaison
Urbaine Loire-Coteau, un énorme chantier escaladant la
falaise et évitant les bastions de la citadelle par une
tranchée couverte de 190 m ( à droite, en début
d'aménagement au milieu de 1998 ). Cette voie nouvelle
( rue Jean-Paul Hugot en 2017 ) n'est qu'une liaison entre
les Hauts Quartiers et le faubourg de Fenet ; elle est assez
peu fréquentée et ne peut constituer un tronçon
du contournement de la ville par l'est, qui reste problématique.
Des travaux considérables et coûteux ont donc amélioré
l'infrastructure routière. Cependant, tout est loin d'aller
pour le mieux dans la circulation interne de Saumur.
Le jeudi 21 novembre 1968,
dans la soirée, des passants remarquent que la cinquième
pile du pont Cessart s'enfonce et que le parapet forme une cuvette.
A 18 h 15, les services techniques de la ville décident
de fermer le pont à la circulation automobile, qui est
déviée vers Gennes et Montsoreau, où se produisent
des embouteillages mémorables. Le
passage des piétons est plus ou moins toléré.
La ville est coupée en deux ( Christian Percereau,
Saumur, Maine-et-Loire, 1968-1972, Evénements au pont
Cessart, multigraphié, 2004 ; Pierre Gourdin, Histoire
des ponts de Saumur, 1995, p. 92-102 ). Le tassement
atteint 35 centimètres et d'inquiétantes fissures
apparaissent sur les deux arches adjacentes ( à droite ).
A partir du 26 novembre, le génie d'Angers installe
deux ponts Bailey, qui prennent appui sur les piles 4 et 6, qui
peuvent supporter des véhicules légers, mais qui
gênent les travaux entrepris en dessous. Au cours de l'année
1970, la réalisation d'un by-pass latéral,
à deux voies, posé côté aval sur pieux
métalliques, offre une meilleure circulation et peut supporter
des poids lourds. Malgré tout, la vie de la cité
est fortement perturbée pendant près de trois ans
; les conditions de circulation y sont épouvantables, d'autant
plus que le boulevard extérieur n'est pas encore achevé.
Tous tombent d'accord pour estimer qu'une seconde ligne de ponts
constitue une urgente nécessité et les premiers
débats sont engagés sur son tracé.
Une inspection par des hommes-grenouilles révèle
qu'un vide s'était formé sous le platelage à
la base de la cinquième pile, à un endroit où
la couche de tuffeau était scindée par une faille
d'un rejet de 8 m. Des injections de ciment et de bentonite consolident
les soubassements de la pile, qui n'est pas refaite, mais rehaussée.
A l'inverse, les deux arches voisines sont démontées
et remplacées par des voûtes en béton, parées
de pierre de Champigny. Le pont rétabli est inauguré
le 23 juillet 1971, les trottoirs étant rétrécis,
afin de créer trois voies de circulation. A la sortie sud
du pont, un tourne-à-droite est imposé vers la place
Kléber.
Des inspections sont menées sous les autres piles,
qui trahissent un état inquiétant : par suite de
l'excès des extractions de sable, de l'abaissement des
eaux en été, les platelages et les têtes des
pieux sous-jacents se retrouvent au sec et pourrissent ; il faut
injecter des coulis de ciment à l'abri de palplanches.
En même temps, un radier général relie entre
elles les bases des piles. Tout le pont est ainsi consolidé
à grands frais de 1983 à 1993.
Hors de la ville ancienne, les communes associées ont droit aussi à des percées. Parmi les plus importantes : la rue de l'Abbaye, à Saint-Hilaire-Saint-Florent, et, à Bagneux, la percée Chumeau et l'avenue des Peupleraies.
5) La place de l'automobile individuelle
L'avènement
d'une civilisation de l'automobile fait très tôt
sentir ses effets sur la percée centrale. Le premier feu
tricolore est implanté au carrefour du Crédit de
l'Ouest et il est suivi par beaucoup d'autres. En 1968, avant
son affaissement, le pont Cessart est emprunté par 14 000
véhicules par jour ; ce nombre passe à 26 000
en 1982. Le centre-ville est complètement saturé
- bien plus qu'aujourd'hui ; d'interminables embouteillages
se forment dans la soirée et, malgré l'apparition
de parcmètres, le stationnement est difficile dans le centre.
La configuration de la ville structurée autour d'un
axe rectiligne n'offre aucune solution aisée. Après
d'amples débats, en 1975, le SDAU, repris par le plan " Ville
moyenne ", conclut d'une façon abrupte qu'il
faut détourner les voitures individuelles de l'axe central,
en leur offrant des percées parallèles, leur procurer
des parkings de proximité, piétonniser la ville
ancienne, y compris la place de la Bilange, en n'y tolérant
qu'une mince circulation de desserte le long de l'hôtel
Blancler, et enfin, créer un réseau de transports
en commun. Solutions faciles à théoriser, mais plus
difficiles à mettre en oeuvre.
En premier lieu, la
piétonnisation
est appliquée en 1976 à la rue Saint-Jean, qui s'y
prête bien. En septembre 1979, la ville lance son ambitieux
" plan de circulation et de stationnement ",
précédé par un tourne-à-droite au
débouché du pont Fouchard et annoncé par
des plaquettes rédigées par un communicant emphatique,
qui promet un centre « où le lèche-vitrine
sera culturel et où la culture sera promenade ».
Le lundi 17 septembre, le plan est mis en application : la
place de la Bilange, la rue Saint-Nicolas, la rue Franklin-Roosevelt
ne recevront qu'un mince filet de voitures encadrées par
des bacs à fleurs aux allures de sarcophage ; les
véhicules venant du sud sont détournés vers
la percée Saint-Pierre et la voie sur berge récemment
aménagées, ceux qui débouchent du pont Cessart
sont renvoyés vers la place Kléber, la percée
Chanzy et la rue Gambetta. Des automobilistes étrangers
à la ville s'égarent et de beaux embouteillages
se produisent. Violente colère chez les commerçants
des rues à circulation réduite ou mises en sens
unique ( rues d'Orléans et du Portail-Louis ),
colère d'autant plus véhémente que de nouveaux
parcmètres sont mis en place. Fin octobre, la FEDES, Fédération
de Défense Economique du Saumurois, organise un référendum
sur le plan de circulation, sous le contrôle d'un huissier
de justice ; elle obtient 1 579 réponses, qui
condamnent la nouvelle formule à 82,71 % et qui réclament
le rétablissement de la circulation dans le sens sud-nord
sur la place de la Bilange à 88,59 %. La CCI plaide
dans ce sens et des conseillers municipaux frondeurs lâchent
le maire. Par petites étapes, on rétablit le passage
des véhicules sur la place de la Bilange, qui est remodelée,
bordée par une galerie marchande et agrémentée
par une nouvelle fontaine formée de jets d'eau au ras du
sol. Finalement, on aboutit à un espace semi-piétonnier,
comme dans le centre ancien, ce qui constitue sans doute la seule
solution possible, compte tenu de la configuration des lieux et
des demandes divergentes.
« Perseverare diabolicum », ce qu'on
n'a pu réaliser dans le sens sud-nord, on va tenter de
le réussir sur un axe ouest-est, de la rue Saint-Nicolas
à la place de la République, avec un effet d'annonce
d'un parking souterrain devant la Mairie. Après une consultation
pipée, de 2013 à 2015, un chantier au fonctionnement
ahurissant s'implante dans la rue Saint-Nicolas, où des
shadocks s'affairent à creuser et à reboucher les
mêmes trous, afin de poser des pavés importés
de l'Inde. Tout cela pour aboutir à une voie qui sera semi-piétonne...
Pendant ces travaux interminables et pharaoniques, les trottoirs
du reste de la ville présentent un état déplorable.
La réflexion sur la place de l'automobile dans la cité préconisait aussi la création de parkings tout autour de la ville ancienne, payants quand ils sont rapprochés du centre et en partie gratuits. Une énumération serait fastidieuse. Disons seulement qu'un nombre élevé d'emplacements a été réalisé. Relier un grand parking au centre par une navette gratuite a pu paraître une bonne idée ; un essai tenté à partir de la place Marc-Leclerc s'est avéré peu concluant.
La
mise en place d'un efficace réseau de transports en commun
a longtemps été considéré comme une
solution pour décongestionner le centre-ville. Pendant
longtemps, il n'a existé à Saumur qu'une seule ligne
de transport public effectuant la liaison entre la gare d'Orléans
et la gare de l'Etat et assurée par un omnibus au XIXe
siècle et par un autobus entre les deux guerres. D'abord,
en 1972-1974, la ville aménage la gare routière
Saint-Nicolas ( A.M.S., O 30 ) ; le bâtiment
est construit dans le style local traditionnel par Brunel et Marembert.
Encouragée par les crédits " Ville moyenne ",
Saumur se lance avec audace dans la création d'un réseau
ambitieux, après une minutieuse enquête appelée
" Carnet de bord ". La STUS ( Société
des Transports Urbains de Saumur ) naît le 30 septembre
1977, sous la forme d'une société d'économie
mixte, équipée de 5 bus moyens et de 8 minibus.
Des lignes régulières sont organisées aux
heures de pointe, mais, en outre, un service souple peut effectuer
des circuits variables en répondant aux demandes émises
sur des bornes d'appel. Gratuité pour les demandeurs d'emploi
et pour les personnes âgées percevant le Fonds national
de solidarité. Le système est renforcé à
compter du 1er avril 1978 et la STUS est décrite comme
un modèle dans la presse nationale ; elle passe à
26 véhicules en 1982. Elle rend d'appréciables services
( 10 % des usagers bénéficient de la gratuité ),
mais elle représente un gouffre financier, au point que
Jean-Paul Hugot la remplace en 1984 par la Compagnie des Transports
de Saumur ( CTS ), dépendant du groupe Véolia
et n'assurant plus que quatre lignes régulières.
Depuis 2011, Saumur agglobus assure des liaisons plus lointaines
avec les 32 communes de l'Agglo et est structuré autour
de la gare routière du Pôle Balzac, spacieuse, mais
jugée trop excentrique par les usagers. Il suffit d'examiner
les bus bondés aux heures scolaires et souvent vides le
reste de la journée pour mesurer les difficultés
d'organisation. Heureusement, le versement-transport imposé
aux entreprises limite les déficits pour les collectivités
publiques. Ces transports rendent de grands services aux scolaires
et aux personnes privées de moyen de locomotion. Mais l'agglomération
s'étend et se ramifie ; la compagnie publique ne peut y
assurer une desserte dense et fréquente. Combien de personnes
pourvues d'un véhicule ont renoncé à le prendre
pour recourir aux transports collectifs ? Si utile soit-il,
ce réseau n'a pas joué le rôle espéré
pour décongestionner le centre. Plus efficace a été
le détournement des véhicules effectuant un simple
transit, sans aucun rapport avec la ville.
6) La circulation routière périphérique
Le projet de l'urbaniste
Leconte, soucieux avant tout de circulation urbaine, prévoyait
de renforcer le trafic en ville, en élargissant la percée
centrale et en la pourvoyant de gigantesques ronds-points. A son
époque, il n'était pas question d'envisager une
déviation.
Un premier tracé de déviation apparaît
en pointillé sur le plan d'urbanisme de 1964. La nécessité
d'une seconde ligne de ponts est partagée par tous à
la suite de l'affaissement du pont Cessart de novembre 1968 ;
la topographie imposait qu'elle soit réalisée en
aval de la percée centrale. Une première consultation
publique se déroule en février-mars 1969 ;
trois tracés sont envisagés. Un tracé « vert »
passant par la place Kléber trouve quelques défenseurs
; il constituerait plutôt une liaison entre quartiers, encore
qu'il déboucherait sur une zone peu active dans l'île
Millocheau ; il lui est aussi reproché d'être
très destructeur dans les quartiers Saint-Nicolas et Alsace.
Un tracé « rouge » serait situé
un peu plus en aval, au débouché de la rue des Ecuries
; consulté sur ce projet, le général commandant
l'Ecole oppose son veto, car le tracé couperait la zone
où il prévoit de construire de nouveaux bâtiments.
Finalement, le tracé « bleu », passant
par la pointe de Millocheau et débouchant un peu en aval
du boulevard en construction, obtient une forte préférence
chez les élus et chez les techniciens. En janvier 1971,
le maire, Lucien Gautier, obtient la vague promesse que la deuxième
ligne de ponts sera inscrite au VIe Plan ( 1971-1975 ).
Sans suite. Le SDAU de 1975 confirme le dossier, il cale le tracé
de la rocade et il reçoit la promesse que la ville ne participerait
qu'à 3 % du coût du nouveau pont. Les expropriations,
en général à l'amiable, commencent aussitôt.
Cependant, en décembre 1975, une Association de Défense
des Riverains de la Rocade propose un projet de tracé passant
nettement plus à l'ouest, au delà de l'embouchure
du Thouet et plus long de 2,8 km. Le tracé originel est
maintenu après consultations. La réalisation traîne
quelque peu. Les premiers pieux du pont du Cadre Noir sont posés
pendant l'été 1979 ; les voussoirs, préfabriqués
à terre, sont posés au cours des deux années
suivantes ; le
pont, à six travées et d'une
longueur totale de 740 m, est inauguré le 14 juillet 1982.
L'aménagement de la partie nord de la rocade se fait attendre
encore et n'est achevé que le 13 juillet 1984. Les procédures
administratives sont alors lancées pour la réalisation
du tronçon sud ;
l'association de Défense revient à la charge et
propose une gigantesque boucle passant par le terrain du Breil
et par le Petit Souper ; cette variante est écartée
par décret du Conseil d'Etat et le tracé définitif
adopté en octobre 1987. Les travaux commencent à
la fin de 1990 et durent jusqu'en 1994, où la première
déviation est achevée.
Il n'y a plus de problème de tracé pour les travaux du doublement. Le pont jumeau du Cadre Noir, commencé en juin 2007 ( à droite en construction en avril 2009 ), est inauguré le 16 octobre 2010. Depuis, les travaux sont engagés sur la partie septentrionale de la rocade . La fin de cette gigantesque réalisation est promise pour 2018. Chaque étape s'est faite attendre ; la DDE et les services nationaux avaient toujours quelque chantier plus prioritaire. Depuis 1968 et les premières démarches, il aura donc fallu une cinquantaine d'années !
En réalité, encore davantage, mais les travaux ont repris sur le tronçon méridional de la rocade. Ce cliché du 19 avril 2019 montre le chantier du doublement de la voie et des ponts :
Un peu au-delà de la sortie nord de la déviation, l'autoroute A 85 a elle aussi beaucoup tardé. Une liaison Angers-Tours, promise par le président Giscard d'Estaing, semble se concrétiser en avril 1976, quand la DDE du Maine-et-Loire publie trois hypothèses de tracé autoroutier, l'une par Baugé, une autre par Longué, une troisième bordant la Loire. Saumur plaide en faveur d'un tracé méridional et insiste pour que l'autoroute passe à moins de 15 km de la ville. Il s'ensuit trois années de discussions stériles. Les maires et le Conseil général d'Indre-et-Loire s'opposent avec violence à toute autoroute et font de l'obstruction, alors que les corps constitués du Maine-et-Loire la réclament. L'affaire semble réglée en avril 1981, lorsque le ministre des Transports arrête que la liaison moderne Angers-Tours se fera par une voie rapide à deux fois deux voies, payée par moitié par l'Etat et par moitié par les collectivités locales. Cette solution comportait les avantages de la gratuité, un coût quatre fois moindre et l'espoir d'une réalisation rapide. Mais il ne se passe rien et le projet de voie express est abandonné pour vice de forme en 1988. L'autoroute réapparaît alors et Michel Rocard signe la déclaration d'utilité publique en janvier 1991, selon un tracé qui satisfait les Saumurois. Cependant, les Tourangeaux multiplient les procédures et imposent un tracé biscornu sur leur territoire. Les travaux commencent en juillet 1994 ; l'échangeur de Vivy est inauguré le 10 janvier 1997, mais il faut attendre jusqu'en 2007 pour arriver à Tours, en raison de guerres picrocholines sur le contournement de Langeais. Cette autoroute trop tardive et au trafic médiocre n'apporte guàre les retombées économiques espérées à Saumur.
7) La faible activité ferroviaire et aérienne
Au prix de grands
travaux, Saumur était devenue un carrefour
ferroviaire de grande activité à la fin du XIXe
siècle. La fermeture en 1938 de la ligne directe Paris-Bordeaux,
par Château-du-Loir et Saumur, annonce le déclin
ferroviaire. La SNCF privilégie et améliore sa liaison
Paris-Nantes par Le Mans, alors qu'elle néglige son ancienne
ligne par Tours et Saumur. Au sortir de la guerre, le pont de
Munet, détruit par les Allemands, n'est pas reconstruit ;
la ligne du Petit Anjou est stoppée et la gare de l'Etat
fermée. Les petites lignes desservant les cités
voisines s'arrêtent, à l'exception de quelques trains
pour Thouars et, l'été, pour les Sables d'Olonne.
La fermeture du SERNAM restreint le trafic des marchandises.
Le pont de fer, rétabli en 1947, nécessite
encore de gros travaux : 550 pièces métalliques
doivent être changées en 1986-1987 ( article
de Bernard Collardey, dans La Vie du rail, n° 2 122,
1er octobre 1987 ). La voie unique, électrifiée
depuis 1982, continue à porter de lourds convois de cailloux.
L'axe Angers-Tours se porte mieux. La ligne Nantes-Lyon
est modernisée par l'introduction temporaire d'un turbotrain.
La ligne est ensuite électrifiée et le pont de la
Résistance, trop étroit, est reconstruit sur un
plus grand gabarit en 1980-1981. Le hall d'accueil de la gare
Rive-Droite est refait, des souterrains pourvus désormais
d'ascenseurs passent sous les quais. Le nombre des voyageurs est
en progression. Pour l'effet d'annonce, la ville de Saumur aimerait
disposer d'un TGV direct vers Paris-Montparnasse en 1 h 40, une
rame passant la nuit à Saumur. Après une foule de
pétitions, la SNCF lance la ligne à titre expérimental
en 2000, mais elle réclame d'énormes indemnités
en raison du déficit de l'opération. Les régions
des Pays de la Loire et du Poitou-Charente s'entendent pour payer
des sommes élevées, mais finalement, le prestigieux
TGV direct est stoppé en 2007.
De gros investissements sont opérés sur l'aérodrome de Terrefort ; en 1985, la piste bitumée est allongée de 800 à 1140 m, puis en 1991, à 1 450 m ; elle peut désormais recevoir des biréacteurs d'affaires ou de tourisme. Ces appareils sont cependant rares ; la Chambre de Commerce, qui épongeait le déficit, a repassé la charge à la ville. L'aérodrome sert surtout à l'aviation de loisirs et au parachutisme ; une base de l'Aviation Légère de l'Armée de Terre ( ALAT ), destinée aux hélicoptères, a elle-aussi fermé.
8) Les grands équipements en débat
La plupart des grands équipements réalisés depuis 1945 répondaient à des besoins évidents et n'ont guère suscité de discussions : logements, écoles, collèges et lycées, hôpitaux, usines de traitement des eaux, déchetteries. Nous nous sommes efforcé de les placer sur le plan général ( agrandir à sa taille réelle ) en fonction de l'espace disponible et nous y reviendrons dans les sections spécialisées. Nous n'évoquons ici que quelques points à la source de vives discussions.
1) Les équipements judiciaires de la ville et de l'arrondissement répondaient aux besoins, depuis qu'un nouveau Palais de Justice avait été bâti sur l'emplacement de l'ancienne prison. Sur le rapport de magistrats servant l'impérialisme de la cour d'Angers, Rachida Dati ferme le tribunal de grande instance de Saumur en décembre 2010, malgré un puissant concert de protestations. La partie ancienne du tribunal est désaffectée. Mais le tribunal d'Angers est incapable de faire face aux nouvelles charges qu'il a voulues. Sur décision de Christiane Taubira, le tribunal de Saumur est rétabli le 1er septembre 2014...
2) Les centres commerciaux et l'autorisation d'implanter des hypermarchés sont source de violentes empoignades, qui seront traitées dans Saumur, ville tertiaire.
3) Les équipements destinés aux sports et aux loisirs constituent une grande nouveauté du second XXe siècle. Sur les plans d'Yves Moignet, une piscine d'été de 50 m est ouverte dès le 1er juillet 1961 dans l'île d'Offard, et sans dépassement de l'enveloppe budgétaire. Le grand bassin olympique, devenu inutilisable par suite de fuites abondantes, est fermé, ce qui suscite une vague récurrente de nostalgie chez les Saumurois qui ont passé leurs étés de vacances à barboter dans les bassins. Faut-il le remplacer ? Il convient de tenir compte du fait que la ville est plutôt bien équipée avec les piscines d'hiver d'Offard et du Val-de-Thouet, ainsi qu'un plan d'eau original aménagé en 1988 à la pointe de l'île Millocheau. Saumur avait-elle besoin d'autres équipements de loisirs ? Outre les demandes répétitives d'une patinoire, des études ont porté de 1983 à 1988 sur un projet de plan d'eau sur le bras principal, allant du pont de fer à Bouche-Thouet ; l'entreprise est finalement abandonnée selon les directives du Secrétariat d'Etat à l'Environnement. A l'inverse, tout aussi discuté, le golf public de 9 trous, d'abord confié à une société anglaise défaillante, est ouvert à Saint-Hilaire-Saint-Florent en 1993 ; il affiche des résultats médiocres et est privatisé en 2014.
Au terme de cette longue énumération de plans, de projets et d'équipements, on remarquera que les Saumurois, élus et fonctionnaires locaux, n'ont manqué ni d'ambition ni d'imagination ni de clairvoyance ( sauf sur les industries ). Pourtant, les résultats ne sont pas là ; beaucoup de réalisations indispensables ont traîné en longueur et ont été achevées trop tard. La ville de Saumur n'a en général pas pu dégager les financements locaux nécessaires. Elle s'exténue à mendier les aides de l'Europe, de l'Etat, de la région ou du département. Il faut jeter un regard lucide sur le fonctionnement réel de notre démocratie : il est évident qu'un leader d'envergure nationale aurait eu le poids nécessaire pour arracher plus vite les décisions et les fonds. Or, depuis 1945, Saumur n'a produit aucun ministre, pas même un secrétaire d'Etat. Au contraire, les financements sont accordés avec parcimonie, car Angers et Cholet se servent en premier, sans la moindre solidarité. A force d'être traitée comme une parente pauvre, la ville l'est devenue.
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