Saumur apparaît
d'abord comme une ville d'inactifs : dans l'agglomération,
sur la population de 15 ans et plus, 48,3 % sont retraités
ou sans activité professionnelle en 2006, 48,6 % en
2011. Si l'on y ajoute les chômeurs, c'est nettement plus
de la moitié des habitants adultes qui ne travaillent pas.
Dans les activités pratiquées, les secteurs
primaire et secondaire sont bien définis et sont faibles
dans la ville. Le secteur tertiaire regroupe tous les autres métiers,
c'est-à-dire le commerce, les transports et les services,
qui peuvent être marchands ou financés par les collectivités
publiques. A l'échelle nationale, le tertiaire ne représentait
que 34 % des actifs en 1946, puis 55 % en 1980, 74,8
% en 2008 et 76,2 % en 2013. Voyons si la progression est
comparable dans l'agglomération de Saumur.
1) Les forts bataillons de la fonction publique
Le fait que la ville soit
chef lieu d'un arrondissement ne lui rapporte directement qu'une
poignée de fonctionnaires.Mais en même temps, elle
reste le siège d'un tribunal de grande instance ;
son Centre hospitalier, ses établissements scolaires, ses
services fiscaux, l'administration de la ville et de l'agglo emploient
un nombre considérable de personnels de la fonction publique
ou assimilés ; les agents hospitaliers, les enseignants
et les employés municipaux ont vu leurs effectifs s'accroître
de façon spectaculaire depuis la guerre. L'Hôpital
avec ses 600 salariés et la Mairie, avec 500, sont de loin
les plus gros employeurs de l'agglomération, bien avant
les entreprises industrielles.
En croissance continue également, les militaires
étaient au nombre de 1 300 vers 1950 ; en 2015,
les Ecoles de Saumur et le camp de Fontevraud regroupent 1 700
personnes, auxquelles on peut ajouter les 157 salariés
de l'ENE.
Saumur reste une capitale administrative importante ;
les membres de la fonction publique, les employés des collectivités
territoriales et les salariés des diverses associations
y sont en nombre élevé, bien supérieur aux
pourcentages nationaux, aux environs de 25 % des actifs, selon
les interpolations qu'on peut opérer à partir des
statistiques de l'INSEE.
2) L'ancienne cité de boutiquiers
Au début des années
1970, l'agglomération de Saumur se caractérise par
une fonction commerciale hypertrophiée, selon la formule
de Dominique Beaumon, Saumur et son agglomération. Contribution
à l'étude de la géographie et de l'économie
urbaine de Saumur, mémoire de maîtrise, Nantes,
1973-1974. Elle compte alors 850 commerces, soit 1 pour 40 habitants,
alors que la moyenne nationale se monte à 1 pour 80.
- Les commerces de gros ( dans les vins, les produits alimentaires
ou les fruits et légumes ) ne sont qu'au nombre de
35, mais ils occupent tout de même 422 personnes.
- Les petites épiceries de quartier, à l'inverse,
sont présentes dans toutes les rues, pratiquant, soit l'alimentation
générale, soit seulement les fruits et légumes,
parfois avec beurre et oeufs ; destinées aux habitants
du voisinage immédiat, ces boutiques sont le plus souvent
tenues par une femme, dont le mari pratique une autre activité,
car leur revenu est fort modeste ( voir par exemple la famille
de Pierre Goubert ).
- L'épicerie fait parfois débit de boisson ; en
tout cas, il y a toujours un café dans le voisinage. En
1936, selon Jacques Jeanneau ( p. 85 ), Saumur compte
120 débits de boisson, soit 1 pour 143 habitants, un taux
exceptionnellement élevé, trois fois supérieur
à celui d'Angers. Forte de 11 cafés en 1913, la
rue Saint-Nicolas a conservé l'essentiel de ses bistrots ;
elle demeure la rue de la soif.
- D'apparition plus récente, les magasins des sociétés
à succursales multiples ( Docks de France, Comptoirs modernes )
emploient des techniques plus adaptées et concurrencent
victorieusement les boutiques traditionnelles. Mais ils sont en
nombre limité à Saumur.
- Les commerces de fréquentation occasionnelle ( habillement,
chaussures, quincaillerie, librairies, photographie, équipement
de la maison ) se regroupent à peu près tous
sur une zone spécialisée, suivant l'axe de l'avenue
du Général-de Gaulle et de la rue d'Orléans,
complété par sept rues adjacentes, qui offrent un
alignement continu de vitrines dans la partie proche de la percée
centrale.
- Au coeur du système s'intercalent quelques boutiques
de luxe : bijouteries, parfumeries, modes, maroquineries,
implantées dans les passages stratégiques.
- Cette structuration résulte d'une lente évolution
et présente une parfaite logique spatiale. Le commerce
se densifie vers le centre et vers les axes de plus forte circulation
automobile. Tout ce petit monde, marqué par les traditions
et par une grande familiarité avec la clientèle,
offre une belle galerie de figures pittoresques, qu'évoquent
Nicolas Jolivot et Marcel Druart dans " Nos années
60-70 à Saumur ", Cheminements, 1999, p.
30-33.
- Dans l'hypercentre, se sont implantés deux grands magasins polyvalents fonctionnant en rayons spécialisés : les Nouvelles Galeries, ouvertes en 1910, sur deux étages, autour d'un escalier monumental, emploient 130 personnes en 1973 ; en face, le Prisunic, de taille plus réduite, regroupe 55 salariés. Visant une clientèle de la classe moyenne ou des milieux populaires, ces grands magasins coexistent assez bien avec les précédents.
- Une première rupture se produit dans cette structure traditionnelle : au début des années 1970, apparaissent trois supermarchés, sous les enseignes de Leclerc, dans l'ancienne scierie de Saint-Hilaire-Saint-Florent, de Bravo, rue de Rouen, et de Suma, au Chemin Vert. Ils fonctionnent selon des normes différentes, grands parkings, caddies, libre service. Ils annoncent la migration d'une partie du commerce vers la périphérie, pour l'instant, la proche périphérie. Ils débutent modestement, sans grand bruit, et ils n'emploient que 80 salariés en 1973.
- Dans ces années tournantes,
se produit une grande purge dans le petit commerce et dans l'artisanat.
Le fort succès du Mouvement
Poujade dans la région en 1956 correspond à
cette brutale mutation. Dans les années 1968-1973, les
fermetures de magasins s'opèrent toujours au rythme de
10 % par an, selon la Chambre de Commerce. En 1969, les manifestations
véhémentes du Groupement d'Action des Commerçants
et Artisans de Saumur ( GACAS ) correspondent à
cet écroulement du petit commerce de proximité.
Par la suite, les victimes ont souvent accusé le
Centre Leclerc de les avoir assassinées. Ce qui ne correspond
pas à la chronologie. Saumur-Distribution a été
créé seulement le 5 mars 1970 et il ne présente
alors qu'une surface de vente de 1 300 m², complétée
par un parking réduit ; il ne se déplace sur le
boulevard Delessert et s'agrandit à 5 100 m²
qu'en 1979-1980. Désormais, il concurrence le commerce
de centre-ville, mais à cette époque, la sélection
est déjà largement opérée.
La disparition des petits commerces résulte d'un
mouvement plus profond. Au nombre de 1,5 million dans la France
des années 1920, leur nombre a constamment décliné
pour tomber à 850 000 en 2010. Cette chute correspond
à un changement de société : les femmes,
de plus en plus actives, ne veulent pas passer tout leur temps
dans des courses quotidiennes ; il est tellement plus pratique
de charger un caddie et un coffre une fois par semaine. Sur le
plan local, d'autres faits jouent un rôle important :
le tassement démographique d'abord ; en outre, depuis
septembre 1979, divers plans de circulation et de stationnement
chassent progressivement les automobiles du centre-ville et leur
offrent peu de places de stationnement. Les habitants des communes
environnantes qui avaient leurs habitudes dans le coeur de la
cité n'y viennent plus guère et préfèrent
une périphérie plus accueillante aux voitures. La
ville piétonne ou semi-piétonne est favorable à
certaines activités, mais sûrement pas à tous
les commerces.
La purge a été sévère, au point
que certains quartiers n'offrent plus aucun magasin de proximité.
Dans la zone centrale, les dégâts ne se voient guère
sur les alignements de vitrines, car les agences immobilières
et les sociétés d'assurances ont afflué en
nombre. On reste dans le tertiaire, avec des effectifs à
peu près stables, mais les activités évoluent.
3) La prédominance des grandes surfaces
L'offensive des hypermarchés
est menée au premier chef par le Centre Leclerc, qui, en
deux étapes, vient s'implanter et s'agrandir sur un site
d'une grand intérêt stratégique. Après
avoir songé à s'installer au rond-point de Bournan,
la société Saumur-Distribution quitte Saint-Hilaire-Saint-Florent
et obtient un bail emphytéotique sur des terrains communaux
situés le long du boulevard Delessert ; le nouvel hypermarché
ainsi construit en 1979-1980 passe à 5 100 m²
de surface de vente ; il présente une petite galerie marchande,
une cafétéria et 640 places de parking.
L'opération entraîne de violentes polémiques
à rebondissements multiples. Elle est soutenue par la Commission
Départementale d'Urbanisme Commercial, un organisme créé
par la loi Royer afin de limiter la prolifération des grandes
surfaces, mais qui, dans la pratique, s'est avéré
très favorable à ces dernières, pour Saumur
en tout cas. La CDUC affirmait alors que l'agglomération
était sous-équipée et qu'on constatait une
fuite de 20 % des achats au profit des hypermarchés
d'Angers. La Chambre de Commerce et le Conseil municipal de Saumur
facilitent l'opération, tout en se déclarant hostiles
à la galerie marchande ; pour sa part, le maire, Lucien
Méhel, se déclarait défavorable à
toute nouvelle grande surface et affirmait ne défendre
le projet que dans la mesure où il s'agissait d'un déménagement
( la Nouvelle République, 23-24 septembre 1978 ).
Le camp hostile est mené par la Fédération
de Défense Economique du Saumurois, qui représente
le commerce traditionnel, par une éphémère
Association pour la Défense de l'Environnement et la Protection
du Cadre de Vie, qui est déclarée incompétente
par les tribunaux, par des dirigeants de supermarchés locaux
et, sur le tard, par la section locale du RPR, qui prépare
les élections municipales en s'en prenant au « manque
de rigueur » de la municipalité Méhel.
Il serait oiseux d'entrer dans le détail des péripéties ;
deux délibérations du Conseil municipal sont annulées
par le tribunal administratif de Nantes ; un permis de construire
est cassé et remplacé par un nouveau alors que les
travaux se terminent.
Le débat rebondit en 2007-2008, quand le Centre Leclerc
décide de s'agrandir à nouveau - ce qu'il demandait
depuis longtemps -, de se doter d'une vaste galerie marchande
de 25 boutiques et de déplacer son parking sur un terrain
municipal. Les protagonistes et les arguments sont les mêmes ;
le projet est soutenu par la CCI et par la municipalité
de Jean-Michel Marchand qui y voit un renforcement du rayonnement
commercial de la ville et qui obtient en compensation l'ouverture
d'un Espace culturel Leclerc dans le centre-ville. Aujourd'hui,
cette enseigne est fermée et les chalands sont astreints
à de fastidieuses pérégrinations tout au
long de la galerie.
Entre temps, le paysage
commercial a changé dans des conditions surprenantes. En
1990-1991, Euromarché veut ouvrir un hyper au Champ Blanchard,
en début d'aménagement sur la commune de Distré.
Après plusieurs refus, la Commission Départementale
d'Urbanisme Commercial émet un avis favorable en septembre
1990, mais le dossier remonte au ministre. Les commerçants
du centre-ville sont vent debout contre le projet ; le maire
et président du District, Jean-Paul Hugot, s'aligne sur
leur position ; les socialistes du Saumurois se divisent
sur le sujet. Finalement, le 28 mars 1991, le ministre du Commerce,
François Doubin, interdit l'installation d'Euromarché
à Distré, mais autorise l'implantation sur Saumur-Nord
d'un hypermarché de 6 600 m² sous l'enseigne
provisoire d'Escale-Cora, puis d'Intermarché. Ce dossier,
qu'on n'avait pas vu venir, passe mieux, parce qu'il avait pour
effet de revitaliser le nord de l'agglomération et de lancer
l'Ecoparc, parce qu'il s'agit d'un transfert-extension de l'ancien
Bravo, parce que les commerçants du centre-ville y sont
moins violemment hostiles. Et tout le monde d'affirmer que la
concurrence est salutaire et que dans la région de Saumur,
il y a place pour deux hypermarchés.
Ce qui n'a pas empêché l'implantation de Carrefour
Market au Champ Blanchard et de quelques autres supermarchés.
Dans un dossier de novembre 2014, la CCI du M. et L. affirme qu'un
équilibre a été trouvé à Saumur
entre petits commerces et grandes surfaces. Ces dernières
ont fait naître dans leur orbite de nombreux magasins de
plus de 400 m² spécialisés dans les loisirs
ou les équipements de la maison. Il en résulte que
les trois grandes aires commerciales ( le Champ Blanchard,
Ecoparc et la zone Leclerc ) représentent 72 %
des surfaces de vente réparties sur 108 enseignes, alors
que les 347 magasins du centre et des zones interstitielles n'occupent
plus que 28 % de l'espace marchand. Des succursales d'une
enseigne implantée à Cholet veulent même s'installer
dans la zone du Croulay. Encore une fois, l'implacable concurrence
des prix et la commodité des zones de stationnement expliquent
cette nouvelle répartition très favorable aux grandes
surfaces et à leurs satellites. Selon les données
de la CCI, on est passé pour la zone commerciale de Saumur
de 14 187 m² de surface de vente en 1979, à 55 872
en 2000, à 88 679 en 2006 et à 116 738
m² en 2014. Si l'on peut admettre qu'en 1979, avant l'agrandissement
de Leclerc, Saumur était sous-développée
sous l'angle des formes nouvelles de distribution et que la ville
avait perdu une partie de son traditionnel rayonnement commercial,
ces statistiques prouvent qu'elle s'est abondamment rattrapée
depuis, sans étendre sensiblement son aire de chalandise.
L'hypertrophie commerciale est manifeste désormais ;
l'étendue de la surface de vente va d'ailleurs en baissant
depuis 2010. En trois quarts de siècle, l'agglomération
est passée d'une pléthore de minuscules boutiques
de proximité à une pléthore de grands magasins
regroupés sur trois zones.
Le secteur artisanal manifeste une plus grande stabilité
: si des boucheries et charcuteries disparaissent, les boulangeries
restent en place.
Combien de monuments historiques
classés ou inscrits à l'inventaire supplémentaire ?
La réponse n'est pas si simple ; en 1992, Marie-Jane
Durand en comptait 52 ; comme depuis ont été
inscrits le château de Moc Baril en 1997 et les décors
du théâtre en 2012, on arriverait à 54, auxquels
il faut ajouter des sites classés : la place
Saint-Pierre, le Secteur sauvegardé, les abords de la RD
947 sur Dampierre, ainsi que le parc du château des Vauverts
à Saint-Hilaire-Saint-Florent. La liste officieuse, recopiée
dans Wikipedia,
n'énumère que 47 édifices, 22 classés
et 25 inscrits. La différence tient à des formes
différentes de présentation : l'ancienne abbaye
de Saint-Florent est présentée comme un monument
unique, alors que M.-J. Durand distinguait la crypte, la galilée,
le bâtiment conventuel et l'église Saint-Barthélemy.
Les normes de classement ont bien évolué sur la
durée d'un siècle ; certaines dénominations
sont surprenantes, des monuments protégés sont tombés
dans l'oubli. L'hypogée du Bois-Brard n'est pas facile
à trouver et j'ai dû intervenir pour protéger
la lanterne des Morts contre la hargne des bulldozers...
En tout cas, Saumur offre une gamme très riche de
monuments protégés, dont une dizaine présentent
un intérêt majeur. Une vingtaine sont à la
charge de la commune ; leur simple entretien est déjà
coûteux ; il devient très lourd quand il faut
reconstruire le rempart nord ( 5 millions d'euros pour les
finances de la ville ), restaurer l'ensemble du château
et sauver l'église Saint-Pierre de l'écroulement.
Ce poids explique l'abandon de l'église de la Visitation
et les incertitudes pesant sur l'intéressante Maison du
Roi.
Tous les amoureux des vieilles pierres reconnaîtront
que la ville offre en outre de nombreux circuits de promenades
passionnantes. Son parc de musées s'est étoffé
et diversifié : aux musées du château
sont venus s'ajouter le musée des Blindés, le musée
de la Cavalerie, le musée du Moteur, le musée du
Champignon, les sculptures de Pierre et Lumière et l'Ecole
nationale d'Equitation. En outre, les caves de vins mousseux et
les liqueurs Combier invitent les touristes à des découvertes
originales. De quoi occuper de nombreuses journées.
Toutes ces richesses sont dûment labellisées.
Saumur est au coeur du Parc naturel Loire-Anjou-Touraine ;
le Val de Loire et l'équitation de tradition française
sont classés au patrimoine mondial par l'UNESCO. Labellisée
" Ville d'Art et d'Histoire ", Pôle
touristique international ( dissous au 31 décembre
2015 ), siège d'une active Fondation du Patrimoine,
animée par des initiatives privées, Saumur offre
des centres d'intérêt suffisamment remarquables et
variés pour devenir une capitale touristique de premier
ordre.
Les guides des voyageurs
du XVIIe siècle classaient la ville parmi les loca
nobiliora, les endroits les plus réputés ;
en 1616, Just Zinzerling recommandait de s'y installer pour un
mois et d'opérer des circuits vers les villes voisines.
En 1908, le Guide Joanne en fait le centre de cinq périples
qui pourraient prendre au total une semaine. L'incontournable
Guide bleu ( édition de 1963 ) accordait 11 pages
à Saumur et ses environs. Pour ce type de tourisme culturel
lent et approfondi, le Saumurois a beaucoup à offrir, cela
dit sans trop de chauvinisme et sans tomber dans le langage inimitable
de l'UNESCO.
Le tourisme a cependant bien changé. Précurseur
du tourisme au pas de charge, le Guide Michelin des Pays de la
Loire ( édition 1952-1953 ) expédiait Saumur
en deux pages ; s'il accordait bien deux étoiles à
la ville et au château, il proposait une visite rapide en
1 h ¼. Les nouveaux guides proposent au touriste une journée
tout aussi chargée : il est invité à
visiter Fontevraud et le château à grande vitesse.
Et il passe souvent la nuit ailleurs, n'opérant que des
dépenses limitées pendant son court séjour.
Les hôteliers savent bien qu'ils ne sont pas au complet
pendant la haute saison et se déclarent satisfaits quand
ils ont un taux de remplissage de 70 % en été
et de 55 % pour l'ensemble de l'année.
Saumur s'efforce de s'adapter à des touristes différents
et à de nouveaux centres d'intérêt. Les enfants
étant prescripteurs, on s'efforce de les attirer par des
spectacles de chevalerie ou de danses anciennes. La Loire à
vélo semblant promise à une grande extension, la
ville offre aux cyclistes des stations-étapes et des pistes
cyclables à peu près acceptables. Toute l'action
publicitaire doit convaincre les visiteurs de s'installer pour
plusieurs jours.
5) Des bilans touristiques honorables
Ce remarquable capital
touristique apporte-t-il des retombées appréciables ?
En chiffres ronds, un million de visiteurs ont fréquenté
le Grand Saumurois ces dernières années. Ceux qui
recourent à un hébergement marchand dépensent
en moyenne 60 par personne et par jour, mais beaucoup ne
passent pas de nuit. Ces données comprennent le Bioparc
de Doué, le site le plus fréquenté de la
région. Pour la seule ville de Saumur, 411 818 personnes
ont visité ses monuments en 2013 ; cependant, le site-phare
du château ne parvient pas à retrouver ses 135 000
visiteurs de 1992. Concentrée sur quatre mois dans l'année,
réduite à des séjours rarement supérieurs
à une journée, la fréquentation touristique
donne l'impression de piétiner.
Parmi les visiteurs étrangers, les Anglais viennent
en tête dans les hôtels, suivis par les Américains
et les Belges ; ils restent en tête dans les campings,
devant cette fois les Néerlandais et les Belges. Ces statistiques
de 2014 révèlent que la clientèle des Pays-Bas
est en baisse, alors que celle des USA est en progression.
Tous les rapports soulignent le faible développement
de l'hôtellerie traditionnelle dans l'aire saumuroise. Aux
heures de gloire du Carrousel, tout était complet plusieurs
mois à l'avance. Pour le Tour de France également,
les capacités hôtelières de Saumur ont paru
insuffisantes ; en 1955, les dirigeants de la Grande Boucle
avaient envisagé une étape contre la montre de Saumur
à Tours, mais il était prévu dans les plans
primitifs que la caravane logerait à Angers ( A.M.S.,
I 9 ). Une étape contre la montre a bien eu lieu
au départ de Saumur, mais en 1987 et vers le Futuroscope,
l'arrivée précédente se situant à
Renazé et non à Saumur.
Les capacités hôtelières de la ville,
s'élevant à 464 chambres en 1996 ( Philippe
Violier ), n'ont guère évolué depuis.
A l'inverse, les formes nouvelles d'hébergement ( chambres
d'hôtes, locations entre particuliers ) et les campings
sont actuellement en rapide progression.
Les flux touristiques peuvent peser lourd dans l'économie
d'un minuscule village, mais dans une agglomération de
30 000 habitants, leur poids est limité par rapport
à l'ensemble des activités tertiaires. Le tourisme
n'est pas la panacée ; il ne fait vivre que quelques
centaines d'habitants et d'assez rares saisonniers. Si souhaitable
soit-il, son développement présente des aspects
déstabilisants, en particulier celui d'une ville envahie
pendant quatre mois et morte le reste de l'année. Les Saumurois
ont-ils envie de se déguiser en troglodytes pour parader
devant des caméras venues de Chine ou du Qatar ? D'autres
formes d'hébergement très lucratives, comme les
centres de Congrès ou le tourisme d'affaires, sont évoquées,
sans grand résultat jusqu'ici.
Les liens tissés
dans le cadre des jumelages renforcent l'image de marque et le
rayonnement touristique de la ville. Signée le 19 juin
1967, l'association avec Verden, petite cité de la Basse-Saxe
située sur l'Aller et capitale allemande du cheval, est
un acte de première importance, car il dépasse le
cadre des élus ; des relations profondes se sont tissées
entre les familles et des échanges scolaires se maintiennent.
Même sans manifestations spectaculaires, ce lien est le
jumelage le plus solide de Saumur. Il est complété
par une autre association : à la suite de l'écroulement
de la RDA, Verden conclut un jumelage avec Havelberg, une petite
ville située sur la Havel, une importante voie navigable
raccordée à l'Elbe. L'administration ouest-allemande
devait épauler les nouveaux pouvoirs mis en place dans
l'ancienne Allemagne de l'Est. Saumur suit le mouvement et signe
en septembre 1991 un pacte d'amitié avec Havelberg, dont
on entend assez rarement parler.
Beaucoup d'autres jumelages et pactes d'amitié ont
été signés et sont parfois tombés
dans la somnolence. Tout récemment, le jumelage signé
en septembre 2013 avec Formigine, une cité italienne de
l'Emilie-Romagne, semble se consolider. Plus récemment
encore, en octobre 2014, un pacte de coopération est conclu
avec Penglai, une énorme ville chinoise située dans
le Shandong ( qui est jumelé avec les Pays de la Loire ).
Des promesses d'échanges viticoles, culturels et touristiques
sont échangées ; la différence des dimensions,
l'éloignement et le fossé culturel en rendent la
concrétisation malaisée.