NOM ACTUEL : Avenue du Général-de Gaulle
 

 QUARTIER : Offard - Millocheau
   

Premières dénominations :
- rue Neuve des Ponts
- rue du Pont-Neuf
- rue Royale ( nom gravé en 1784 )

1794-1818 : rue Nationale

1834 : rue Royale

1848-1941 : rue Nationale et place du Roi-René

14 janvier 1941, rue du Maréchal-Pétain

28 septembre 1944 : rue Nationale

17 octobre 1946 : délibération du Conseil municipal rebaptisant la voie " rue du Général de Gaulle "

 

 Comme la rue d'Orléans, cette voie centrale et commerçante connait une valse rapide des étiquettes. Elle a même sacrifié deux fois à la tradition hautement contestable de dédier une rue à une personnalité de son vivant. Malgré sa courte histoire, l'artère change aussi totalement de physionomie.Extrait d'un plan de la ville en 1814

 

 Le pont Cessart achevé débouche sur des terrains marécageux formant la queue de l'île d'Offard. La voie nouvelle est rehaussée ; des maisons neuves y poussent rapidement, comme l'hôtellerie de la Corne d'Or et comme la maison de l'abbé Cailleau, où s'installent les autorités révolutionnaires ( je pense que c'est la grosse maison à cour isolée à l'extrémité gauche ). Le plan ci-contre, remontant à 1814 et orienté vers le nord, révèle un habitat dense sur les deux côtés de la rue, jusqu'à l'actuelle rue Paul-Bert, par laquelle les véhicules rejoignent l'ancienne ligne de traversée, située plus à droite. Vers le nord, les maisons se raréfient ; le pont porté en jaune est encore à l'état de projet.


  En 1834, avec l'ouverture du pont Napoléon, la rue devient l'axe majeur de la circulation et un actif centre commercial. Son extrémité nord, élargie sous le nom de place du Roi-René à l'époque du Second Empire, agrémentée de petits squares, forme une entrée de ville solennelle au plan relativement régulier. La maison de graines Victor Boret occupe la partie droite. Voir la fiche sur Victor Boret.


La place du Roi-René vers 1905-1910 (carte postale)

 

La  rue Nationale vers 1910, photo orientée vers le Nord. Editions Viseur

 La rue Nationale proprement dite apparaît sur cette carte postale comme assez étroite. Rue marchande très fréquentée, desservie par le tramway, elle ressemble fortement à la rue d'Orléans. Les boutiques qui occupent tous les rez-de-chaussée sont toutefois d'un standing plus modeste. L'examen des façades, aux décors comparables, prouve que cet ensemble est dans le style en vigueur dans les années 1780-1820.

 Les obus allemands des 19 et 20 juin 1940 ravagent toute la rue, et surtout sa partie méridionale. Voir récit et photos dans le chapitre 45.
 Les tapis de bombes alliées de juin 1944 causent à nouveau d'énormes ravages. Les Saumurois du temps croyaient que les raids alliés visaient la gare et l'axe de circulation est-ouest. En réalité, ils visaient le grand axe sud-nord, capable d'acheminer des renforts vers les futurs lieux du débarquement de Normandie.Magasin Decker, 47 rue Nationale C'est pourquoi, les ponts, la route de Rouen et la rue Nationale sont si durement touchés. Situé au n° 47 de la rue Nationale, le magasin de photographie de Jean Decker est pulvérisé par les bombes soufflantes et achevé par les bombes incendiaires.Hôtel du Roi René en1944


Voir plan des impacts de bombes et récit de ces nouveaux bombardements.

 

 Aux extrémités de la rue seulement subsistent quelques pans de murs. L'hôtel du Roi-René, déjà transpercé en 1940, est totalement ravagé.

 

 

Ancien hôtel du Commandement en cours de destruction

 

 Sur le flanc sud, du côté amont du pont Cessart, l'ancien hôtel du Commandement, habité par le général de Morell et qui avait été le théâtre de l'affaire La Roncière, est éventré et incendié en 1940, tout comme l'hôtel du général du Peyrat, à côté. Il faut par la suite abattre des pans de murs menaçants. Tout sera à reconstruire.

 

 

 Les survivants logent dans les appartements inoccupées de la vieille ville. A l'intention des commerçants sinistrés, des baraquements en bois sont installés près de la Boire Quentin et sur la place du Roi-René.

 Un vif débat s'instaure au sujet de la reconstruction. La municipalité de Robert Amy, dès 1940, puis l'urbaniste André Leconte ont décidé de reconstruire l'avenue en l'alignant sur le gabarit de la place du Roi-René, en lui donnant une largeur totale de 45 mètres, soit au milieu une artère centrale de 12 mètres et deux contre-allées latérales pour les voitures. Voir le lancement de la reconstruction et l'adoption du plan Leconte.

Avenue du Général de Gaulle, n° 35 à 59 Les anciens propriétaires et les riverains ne comprennent pas cette décision, à une époque où circulent fort peu de véhicules. Les commerçants objectent que les chalands ne traverseront pas cette rue trop large pour flâner d'un magasin à l'autre. Il est bien exact que l'artère devient progressivement une voie express. Les problèmes d'expropriations et d'indemnités de guerre sont particulièrement épineux. Il faut toute l'autorité d'un plan centralisé pour imposer cette opération chirurgicale d'une rare audace. Les pouvoirs publics engagent de gros moyens dans la plus vaste opération de reconstruction de la ville. L'architecte angevin André Mornet installe des magasins dans tous les rez-de-chaussée et il cache la froideur du béton derrière des plaques de calcaire au décor rappelant d'assez loin le style en vogue vers 1800.

 

Photographie de la presse locale d'avril 1948

 

  L'opération dure de 1946 à 1958. Cette année-là est abattu un dernier immeuble témoin de l'ancienne rue Nationale, miraculeusement intact et encore habité. Il se situe près du départ de la rue Paul-Bert. La nouvelle avenue a été construite en arrière ; les occupants se réinstallent tout à côté. Malgré sa mauvaise qualité, la photographie ci-contre, prise en direction du Théâtre et publiée dans un journal d'avril 1958, me paraît d'un grand intérêt. Un autre immeuble subsistait également de l'autre côté de la rue.

 Autres précisions et photos sur l'ISAI et sur le style des façades.

 Les photographies ci-dessous datent elle-aussi de 1958. Prises en direction de la Croix Verte, elles marquent les dernières étapes de la reconstruction de l'avenue. Le réseau routier est encore embryonnaire et le pâté de maisons en avancée est toujours debout.

Vue aérienne de l'avenue du Général de Gaulle en cours d'achèvement

L'avenue du Général de Gaulle en cours d'achèvement, éditions Gaby

 

 

Façades nord donnant sur  le quai du comte-Lair

 

 

 La face nord de l'ancienne entrée de ville est reconstituée selon son style primitif.


 
 
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